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Les petites entreprises, premières victimes de la hausse des défaillances

Ordinateur montrant une courbe qui augmente
© Markus Spiske via Unsplash

L'Europe a connu une recrudescence des défaillances d'entreprises en 2022. En France, les petites structures sont les plus sévèrement touchées.

La vague de défaillances tant annoncée commence t-elle à déferler sur l’Europe ? Eurostat a publié vendredi 17 février les statistiques européennes des défaillances d’entreprises pour le 4ème trimestre 2022. Sans surprise, elles traduisent les difficultés auxquelles font face les entreprises depuis de longs mois : elles ont augmenté de 16,5% en 2022, avec une accélération de 26,8% au dernier trimestre. C’est surtout l’ampleur du désastre qui interpelle, les défaillances d’entreprises atteignant un pic historique sur la période couverte par Eurostat depuis 2015.

La France a largement contribué à cette explosion des défaillances. En effet, les chiffres publiés par la Banque de France pour l’année 2022 attestent d’un bond de 48,7% des défaillances sur 12 mois… Et les premières victimes sont les très petites et petites entreprises, qui ont subi une explosion de défaillances de respectivement 95,8% et 92,2% en un an, loin devant les moyennes entreprises (+73,7%). Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises sont, elles, davantage préservées (+20,8%).

Du mieux par rapport à 2019… sauf pour les petites entreprises

La gueule de bois provient d’un cocktail détonnant : à la fin des aides Covid qui avaient maintenu les défaillances à un niveau artificiellement bas s’ajoutent l’inflation et l’explosion des prix de l’énergie. Malgré les dispositifs mis en place par l’exécutif pour limiter la casse, ces deux facteurs pèsent lourd sur toute la chaîne de valeur des entreprises : des coûts de production qui s’envolent, des coûts salariaux alourdis par les revendications des salariés qui doivent eux-mêmes faire face à l’inflation, des fournisseurs qui augmentent leurs prix et des investisseurs institutionnels et privés qui ferment les robinets. La hausse de la demande ne parvient pas à effacer les pertes induites par cet enchaînement cataclysmique.

Néanmoins la France s’en tire plutôt bien à plus long terme. L’Hexagone est ainsi encore loin des niveaux de défaillances pré-Covid. Entre décembre 2019 et décembre 2022, le nombre de défaillances est en nette baisse (-19,8%). Sauf que les très petites (+20,1%) et les petites entreprises (+22,1%) ont vu, elles, les défaillances les frapper de plein fouet sur la même période. Et elles n’attendent pas d’éclaircie dans les prochains mois : les remboursements des prêts garantis par l’État font déjà exploser les procédures amiables (demandées pour étaler les remboursements). L’assureur Allianz Trade anticipe de son côté 59 000 défaillances d’entreprises, toutes tailles confondues, sur l’année 2023. Soit une hausse de 44% par rapport à 2022 et de 15% par rapport à la période pré-Covid.

Avis de vigilance pour l’industrie tricolore

Du côté des secteurs, les transports (+72,2%), l’hôtellerie-restauration (+39,4%) et l’enseignement, la santé, l’action sociale et les services aux ménages (+29,5%) sont ceux qui ont le plus souffert au dernier trimestre 2022 en Europe. En France, c’est également l’hôtellerie-restauration qui a accusé le plus fortement le coup en 2022 (+105,7%). Mais on retrouve également l’industrie (+64,3%) et les services financiers et assurantiels (+56,6%) sur le podium. Encore plus inquiétant pour le secteur secondaire tricolore, il s’en sort moins bien que la moyenne européenne si l’on compare à la période pré-Covid : là où les défaillances dans l’industrie continentale ont reculé de 17,6% depuis 2019, elles n’ont baissé que de 12,9% en France.

C’est un mauvais signal pour les relocalisations tant espérées par les partisans d’une plus grande souveraineté économique. Mais le secteur bénéficie de la haute surveillance de l’exécutif, mobilisé pour préserver le tissu industriel tricolore et européen. Emmanuel Macron en personne avait ainsi rencontré en novembre des représentants de l’industrie européenne (Engie, Orange, Ericsson, Unilever, AstraZeneca, Volvo, BMW, Air liquide ou encore Solvay) pour les convaincre de maintenir leurs sites de production en Europe – et ne pas se laisser tenter par les sirènes américaines. En outre, le gouvernement planche sur un projet de loi spécifiquement dédié au développement de l’industrie verte. En favorisant la transition énergétique et environnementale de l’industrie, la France espère ainsi faire d’une pierre deux coups : doper la résilience de ses entreprises industrielles tout en se positionnant comme un acteur de pointe sur les questions écologiques.

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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