L’économie française est-elle attaquée par des zombies ? Non, pas de remake de La Nuit des morts-vivants en vue ! Des économistes anticipaient que les aides distribuées aux entreprises durant la crise du Covid allaient créer des zombies. C’est-à-dire des sociétés dont les revenus ne couvrent pas les charges mais qui peuvent se maintenir en activité grâce aux aides perçues. Entre octobre 2020 et février 2022, plus de 2 millions d’entreprises ont bénéficié du fonds de solidarité mis en place par l’État. Ce qui laissait craindre la naissance de toute une génération d’entreprises zombies.
Le nombre de défaillances « a été divisé par 2 en 2020 et 2021 par rapport à 2019 », note une étude sur la question, publiée en avril par la Direction générale des entreprises (DGE). De 51 000 en 2019, les défaillances ont chuté à 31 000 en 2020 puis 27 000 en 2021. Grâce au fonds de solidarité, « la baisse du nombre de défaillances a été la plus importante dans les secteurs les plus affectés par la crise ». Tous les voyants étaient alors au rouge. Des entreprises que le marché n’auraient pas « naturellement » laissé survivre s’en sont-elles sorti grâce aux aides ?
Même risque de défaillance
Il n’en a rien été, tranche l’étude, qui s’est intéressée à 3 secteurs touchés de plein fouet par la crise : l’hébergement-restauration, le commerce et le transport-entreposage. L’auteur de l’étude a observé l’évolution du taux de risque de défaillance des entreprises aidées. Puis il l’a comparé à celui des entreprises qui ne l’avaient pas été. Et ce tout au long de la période et jusqu’à aujourd’hui, 2 ans après la fin du fonds de solidarité. Durant l’activité du dispositif, les deux taux sont restés proches.
Et « si le fonds avait prolongé artificiellement la vie d’entreprises non viables, le taux de défaillance des entreprises intensément bénéficiaires aurait fortement progressé avec la diminution des aides » et aurait été supérieur à celui des entreprises non bénéficiaires. Or les deux taux sont restés « similaires ». Conclusion : « le fonds de solidarité a compensé la perte d’activité », sans servir de perfusion à des entreprises moribondes.
Le seul bémol identifié par l’étude ? Les entreprises qui ont touché les montants d’aide les plus importants. « Ces dernières ont connu un risque de défaillance très inférieur » à celles qui n’ont pas touché d’aides, précise l’étude. Et sont donc plus fragiles maintenant que le robinet des aides s’est tari.