« Notre économie va bien. On ne voit se profiler aucun tsunami », affirmait le 1er septembre Sonia Arrouas, la représentante des tribunaux de commerce. Faut-il pour autant y voir des bonnes nouvelles ? Il convient de rester pondéré. Notre économie a peut-être retrouvé un semblant de normalité, mais certaines sociétés sont encore en peine. À commencer par les petites et moyennes entreprises (PME), sur lesquelles la crise sanitaire a pesé lourd. « Quatre sur dix connaissent une situation dégradée. Quatre sur dix se sont maintenues. Et deux sur dix s’en sortent mieux qu’avant la crise », analyse un économiste de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), citant une étude réalisée par la confédération en août dernier.
Plus d’entreprises zombies en France qu’ailleurs
De son côté, dans son rapport publié en septembre, Euler Hermes indique que 14% des PME françaises devraient mettre la clé sous la porte d’ici 2022, soit une sur sept. Un chiffre qui illustre en partie la perfusion des entreprises zombies, ces organisations qui étaient à l’agonie financière avant la crise, qui auraient probablement fait faillite sans les aides publiques, et qui risquent bien de s’éteindre avec la fin de celles-ci.
Le principe d' »entreprise zombie », a été défini en 2008 par trois chercheurs américains. Il décrit une société mal en point, qui n’a que peu de chances de survie. En général, il est utilisé pour parler d’entreprises tellement endettées qu’elles feraient faillite si les taux d’intérêt étaient « normaux ». Or, dans la situation actuelle, il est fort probable que les taux d’intérêt remontent : en 2008, ils correspondaient à 4,3% du PIB de l’OCDE. Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’à 1,5% du PIB de l’OCDE. En parallèle de la remontée de l’inflation, les banques centrales ont racheté de la dette en émettant d’importantes liquidités.
La France compte plus d’entreprises zombies que ses voisins européens (35 000 au total). En plus de leur faillite personnelle, elles pourraient aussi mettre en difficulté leurs fournisseurs en les conduisant au redressement ou à la liquidation judiciaire.
Attention à 2022
Les coups de pouce financiers de l’État ont permis à de nombreuses entreprises de rehausser leur trésorerie. Mais les choses risquent bien de se compliquer au-delà de 2022, particulièrement pour les PME, au moment des remboursements des dettes consenties. 18% des entreprises interrogées dans le cadre de l’étude de la CPME affirmaient « ne pas disposer de la trésorerie nécessaire pour rembourser les échéances fiscales et sociales », confie l’économiste de la CPME. C’est sans compter sur les prêts, qu’il faudra aussi rembourser. 2022 pourrait donc redessiner le paysage : les récessions ont toujours eu pour effet de faire disparaître les entreprises les plus fragiles. Quant aux banques, elles vont devoir mesurer la viabilité dans leur stratégie de soutien à venir, et faire du sur-mesure pour sélectionner les entreprises en difficulté afin de choisir celles qui seront capables de redevenir rentables.