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L’Europe, géant au pied d’argile des technologies vertes

© ovelyday12 via iStock

L'Europe est aujourd'hui leader des brevets dans les technologies vertes. Mais est menacée par les difficultés des entreprises à se financer.

L’Union européenne est un poids lourd des technologies vertes. Mais pourra-t-elle le rester ? C’est la question que pose, en creux, une étude publiée en avril par l’Office européen des brevets (OEB) et la Banque européenne d’investissement (BEI). « L’UE et les autres pays européens sont les fers de lance de l’innovation verte », se félicitent les auteurs du rapport. Les entreprises européennes détiennent 27% des brevets internationaux du secteur. Ce qui les place au premier rang mondial, devant le Japon (21%) et les États-Unis (20%).

« Il est encourageant de voir que les inventeurs de l’UE sont à l’avant-garde pour la protection par brevet des technologies vertes », se réjouit António Campinos, le président de l’OEB. Et pour cause, le secteur est l’un des plus dynamiques. Il pèse à lui seul 12% de toutes les familles de brevets internationaux (FBI), soit 750 000 FBI. Il est aussi au coeur d’une bataille économique qui s’intensifie. La mobilisation internationale contre le changement climatique passe nécessairement par l’innovation verte. Or l’Europe est bien décidée à être un leader tant politique que technologique sur cette question.

Mais elle est aujourd’hui menacée par un concurrent de taille : la Chine. Si le pays ne représente aujourd’hui « que » 15% des FBI, l’ampleur qu’il a pris ces dernières années est édifiante. En 1997, les entreprises chinoises ne détenaient pas plus de 1% des FBI du secteur ; en 2014, à peine 5%. Mais à partir de 2017, le pays accélère et entraîne avec lui tout le secteur. Entre 2017 et 2021, la Chine représente ainsi 70% de l’augmentation des demandes de FBI du secteur. En 10 ans, le pays s’est imposé comme un géant en devenir des technologies vertes.

L’écueil du financement

Pour faire face à la concurrence, les entreprises européennes devront surmonter un écueil de taille : le financement de l’innovation. « Plus de 30% des entreprises de l’UE considèrent le manque de financement comme un obstacle important à la commercialisation de technologies vertes », note l’étude de l’OEB et de la BEI. Un nombre qui grimpe à 43% pour les petites et micro-entreprises. En effet, « le montant médian du financement est nettement plus faible qu’aux États-Unis », observe l’étude. Les montants levés, plus importants dès le départ aux États-Unis qu’en Europe, augmentent ensuite beaucoup plus rapidement outre-Atlantique.

« En fin de compte, les entreprises de l’UE actives dans le domaine des technologies vertes sont plus susceptibles de dépendre du financement par l’emprunt pour financer leurs activités dans ce domaine. » Or les banques se montrent toujours plus frileuses que les investisseurs privés pour investir dans des technologies de rupture. Seul point positif : les fonds d’investissement dédiés au sujet sont de plus en plus nombreux, comme en atteste le véhicule Climate du fonds Blisce dévoilé il y a quelques jours. Espérons que les entreprises européennes bénéficieront de cet engouement des investisseurs. Car elles sont coincées dans un cercle qui n’a parfois rien de vertueux. Elles ont besoin de l’argent d’investisseurs pour commercialiser leur technologie ; et un brevet aide à convaincre ces investisseurs ; mais le développement même de leur technologie, justifiant le dépôt d’un brevet, nécessite un financement.

Des brevets protecteurs

Lorsque les planètes s’alignent, les entreprises européennes se montrent pourtant efficaces : dans l’UE,
les entreprises de moins de 5 000 salariés ont déjà commercialisé environ 2/3 des technologies pour lesquelles elles ont déposé des demandes de brevet au cours de la période 2011-2022. Et 28% sont sur le point d’être lancées sur le marché. Une diligence que l’on retrouve dans peu d’autres secteurs, signe que le marché est prêt pour des innovations radicales.

Et les brevets consacrent l’avance technologiques des entreprises européennes. Et les protègent contre des concurrents moins bien outillés. Ainsi, « environ 2/3 des technologies développées par des entreprises de taille moyenne ou grande sont commercialisées par le seul titulaire du brevet », souligne l’étude. L’Europe a su mettre la concurrence à distance, elle va maintenant devoir la tenir.

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