Cocorico : les start-up tricolores sont championnes d’Europe du dépôt de brevets et marques. 42% des jeunes entreprises innovantes françaises ont déposé des dossiers de droits de propriété intellectuelle (DPI) – regroupant à la fois les brevets et les marques. Une étude de l’Office européen des brevets (OEB) et de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) fait de l’Hexagone la médaille d’or en la matière, ex-aequo avec la Finlande. Les deux pays sont très au-dessus de la moyenne européenne, située à 29%. Et les entreprises françaises cherchent une protection la plus étroite possible. C’est pourquoi elles sont « les plus disposées à regrouper les deux DPI », marques et brevets.
Protéger et prospérer
Cumuler les DPI est une stratégie à la fois défensive et offensive. « Les brevets confèrent aux jeunes entreprises un droit essentiel : le pouvoir d’empêcher les autres de s’approprier leurs technologies d’avant-garde en leur permettant de préserver leur avance en matière d’innovation », souligne ainsi l’étude. Les marques déposées, elles, « constituent un bastion juridique renforçant les investissements dans les actifs immatériels. Ces symboles ou noms distinctifs deviennent un bouclier efficace lorsqu’ils sont légalement protégés. Ils protègent l’identité de la marque d’une start-up contre toute violation ».
Surtout, ces dispositifs donnent aux entreprises qui en disposent « une position d’avantage stratégique sur le marché ». Notamment auprès des investisseurs, rappelle le directeur exécutif de l’EUIPO, João Negrão. « Les actifs immatériels représentent aujourd’hui la majeure partie de la valeur d’une entreprise. Et les droits de propriété intellectuelle, tels que les marques, ne sont pas seulement des garanties juridiques. Ils sont aussi la clé pour obtenir des financements et des collaborations. Et c’est particulièrement important pour les nouvelles entreprises innovantes. Car elles disposent généralement de peu de ressources au stade initial, en-dehors de leur capital intellectuel. »
Les marques et brevets européens encore plus efficaces que les dispositifs nationaux
Chiffres à l’appui, l’étude démontre le pouvoir financier des marques et brevets déposés. Les start-up qui parviennent à cumuler les deux types de DPI dès leur phase d’amorçage ou de croissance « ont jusqu’à 10,2 fois plus de chances d’obtenir un financement ». Une longueur d’avance considérable, alors que le robinet du capital-risque s’est tari ces derniers mois. L’avantage est encore plus net pour les marques et brevets déposés à l’échelle européenne : « le taux d’obtention de financements de démarrage est plus de cinq fois supérieur à celui des DPI nationaux (6,1 fois plus de chances pour les marques et 5,3 pour les brevets) », souligne l’étude. L’intérêt est quantitatif mais aussi qualitatif. Pour les start-up deeptech, biotech ou de la santé, les DPI permettent d’attirer des investisseurs plus patients, qui privilégient une rentabilité à long terme.
Pour João Negrão, ces chiffres montrent qu’il reste du chemin à parcourir. « Nous constatons que l’Europe est à la traîne concernant le financement des jeunes entreprises. Nous devons redoubler d’efforts pour renforcer la propriété intellectuelle en tant qu’outil d’accès au financement, à la croissance et au développement pour les entreprises de l’UE. Et en particulier les start-up innovantes afin qu’elles puissent prospérer. »