Quelle année 2022 ! Les dirigeants d’entreprise ont été confrontés à un contexte économique particulièrement fluctuent. Les premiers mois promettaient une année dans le prolongement du rebond flamboyant de 2021, après les confinements successifs en 2020. Mais le conflit russo-ukrainien a rebattu toutes les cartes : crise énergétique, flambée des prix, nouvelles ruptures des chaînes d’approvisionnement… La nouvelle année qui vient de débuter charrie avec elle son lot de défis, que les dirigeants se devront de relever pour ne pas sombrer. Car le danger guette : dans une étude, l’assureur Allianz Trade table sur un bond des défaillances de 29% dans l’Hexagone en 2023, dans la droite lignée des derniers chiffres catastrophiques annoncés au 3ème trimestre 2022 par le cabinet Altares. Alors, comment résister ?
Se protéger de la hausse des prix des matières premières
Les tensions géopolitiques et les soubresauts macro-économiques – en particulier l’explosion des prix des matières premières – ont des répercussions tangibles pour les dirigeants d’entreprise, y compris les plus petites. L’explosion de cet important poste de dépenses leur impose une gestion rigoureuse de leur trésorerie si elles veulent éviter la zone rouge. À plus long terme, elles doivent également s’engager ou appuyer leur démarche vers davantage de sobriété pour limiter leurs coûts.
Comment faire ? Côté trésorerie, le gouvernement a reconduit de nombreuses aides à destination des TPE, des PME ou des ETI pour les aider à faire face à la hausse des prix de l’énergie. Et pour les achats non énergétiques, les centrales d’achat peuvent constituer une solution pour faire rapidement baisser la facture. Mais cela ne doit pas empêcher les entreprises de réfléchir plus globalement à la manière dont elles peuvent limiter leur exposition au risque. D’abord en suivant les recommandations des Chambres de commerce et d’industrie pour mieux piloter leur stratégie énergétique et réduire leur consommation ; ensuite en travaillant avec leurs fournisseurs pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement… ou avec leurs équipes produit pour revoir les compositions et ainsi troquer les matières les plus onéreuses ou dont l’approvisionnement n’est pas garanti par des alternatives lorsque cela est possible. Ou encore optimiser les procédés de production pour réduire les pertes de matière… et d’énergie !
Maintenir l’engagement de ses salariés
Pris en étau entre le spectre de la Grande Démission et les demandes salariales des équipes qui restent en poste, les dirigeants sont confrontés à un casse-tête inédit. Les salariés exigent davantage de garanties sonnantes et trébuchantes de leur employeur, sommé d’y souscrire sous peine de devoir faire face à un turn-over massif ou, pire, une démotivation silencieuse des troupes. Or, en période de disette, ce n’est souvent pas perçu par les dirigeants comme une priorité. À tort. Dans une des dernières publications de la Fondation Jean Jaurès sur le pouvoir d’achat, l’auteur Benjamin Brice, docteur en sciences politiques de l’EHESS, note que « la préoccupation pour le pouvoir d’achat augmente encore l’insatisfaction de la population française, en particulier dans les classes populaires […] En parallèle, le mécontentement se révèle particulièrement fort : en septembre 2022, 36% des sondés disaient appartenir à une « France en colère et très contestataire » ». Gare à ce que cette colère ne se tourne pas vers l’employeur !
Comment faire ? Le dialogue social est impératif pour éteindre les risques de fronde collective, y compris au sein des TPE – qui n’ont pas l’obligation de disposer d’un Comité social et économique (CSE), réservé aux entreprises de plus de 11 salariés. En effet, si un certain nombre de sujets (comme les minima salariaux selon la hiérarchie) relèvent des accords de branche, l’accord d’entreprise prévaut s’il est plus favorable pour les salariés. L’occasion donc pour les dirigeants de traduire leurs engagements par des actes et de les pérenniser. De nombreux dispositifs existent pour leur permettre de doper le pouvoir d’achat de leurs salariés, ponctuellement ou de façon durable : distribution de primes, mise en place d’avantages sociaux, partage de la valeur créée grâce à un mécanisme d’intéressement ou de participation…
Doper sa capacité de résilience
Dans son rapport dédié à la notion de résilience, publié en octobre dernier, l’Institut Montaigne note que « l’évolution moderne de nos sociétés nous a rendus davantage vulnérables aux crises systémiques. Avec l’augmentation des flux et l’accélération de la numérisation, les entreprises, de secteurs et pays différents, sont de plus en plus interconnectées et donc interdépendantes. Si ces interconnexions sont un atout lorsqu’elles permettent de partager les risques et d’assurer l’autonomie de la France et de ses voisins européens, elles peuvent aussi être source de fragilités face à des risques sanitaires, naturels, cyber ou encore économiques« . Pour plier sans rompre, mieux vaut donc développer sa capacité de résilience.
Comment faire ? D’une part, comme le souligne l’Institut Montaigne, « les entreprises d’une même chaîne d’interdépendance doivent accroître le partage de connaissances et d’expériences ». Dialoguer avec ses concurrents n’est pas instinctif et pourtant, cela peut contribuer à renforcer in fine la position de l’entreprise. L’objectif ? Agréger le plus de données possibles afin de limiter les (mauvaises) surprises. Concrètement, les entreprises peuvent déployer différents filets de sécurité selon le risque étudié : assurance cyber en matière de cybersécurité, due diligence renforcée en cas d’opération capitalistique ou encore plan de communication de crise pour parer à l’urgence. Le risque zéro n’existe pas et les entreprises l’ont bien compris. L’année 2023 appartiendra donc à celles qui sauront le mieux naviguer entre les écueils qui se dresseront sur leur chemin.