Collecter n’importe quelle donnée, la stocker n’importe comment et la garder ad vitam aeternam, c’est terminé. Le RGPD est passé par là et a obligé les entreprises à adopter des pratiques plus respectueuses de la vie privée des utilisateurs. Pour autant, elles sont encore nombreuses à stocker des données dont elles n’ont plus forcément l’utilité. Cela pose un problème évident de conformité avec le RGPD. Et d’autres enjeux devraient renforcer la conviction des entreprises de s’intéresser à ces données « en fin de vie ».
« Les données thésaurisées présentent aussi un coût environnemental », souligne ainsi l’étude sur Le coût de durabilité des données en fin de vie, publiée en juin par l’entreprise Blancco, spécialiste de l’effacement des données. L’étude s’est intéressée aux entreprises des secteurs de la finance et de la santé, principales consommatrices de données. Avec des enseignements qui peuvent néanmoins être extrapolés pour toutes les entreprises. Certains coûts environnementaux sont ainsi évidents : l’énergie nécessaire pour faire fonctionner les infrastructures de stockage, qu’elles soient sur site ou dans le cloud ; tout comme les déchets électroniques liés à l’entretien et au remplacement de ce matériel de stockage.
Recourir au cloud augmente la collecte de données
D’autres sont moins évidents à quantifier pour les entreprises. Nombre d’entre elles ont opté pour un stockage dans le cloud, persuadées que cela allégerait leur bilan carbone. Sauf que pour 2 entreprises sur 3, le passage au cloud a eu pour effet d’augmenter le volume de données redondantes, obsolètes ou sans intérêt collectées. « Ces entreprises ont un plan pour réduire leur empreinte environnementale mais le rythme auquel le cloud permet la collecte de données joue contre elles », note l’étude. Car davantage de données collectées signifie « davantage de capacité de stockage, donc davantage d’énergie, donc davantage d’émissions carbone ».
Et pas question de renvoyer la balle aux fournisseurs cloud. Pour calculer de façon pertinente leurs émissions de gaz à effet de serre, les entreprises doivent prendre en compte leurs émissions de Scope 3. C’est-à-dire celles de leurs fournisseurs, sur l’ensemble de leur chaîne de valeur. « Les clients de services cloud ont une influence indirecte sur ces émissions, selon le choix de leur fournisseur et le service exigé. Cela signifie qu’une entreprise qui a recours à un hébergeur cloud pour stocker des données augmente ses propres émissions de Scope 3. » Or, ces émissions « dépassent souvent 70% de l’empreinte environnementale d’une entreprise », rappelle l’étude…
Agir avant d’être obligé de le faire
La plupart des entreprises (96%) ont conscience des répercussions négatives des données en fin de vie sur leur bilan environnemental. Mais moins de 2 entreprises sur 3 (62%) ont défini et mis en place une stratégie pour réduire cette empreinte. Passer à l’action nécessite donc davantage qu’une prise de conscience. Les obligations réglementaires devraient progressivement pousser les entreprises à agir concrètement. Mais cela pourrait se faire dans la douleur : l’étude de Blancco montre que moins de 2 entreprises sur 3 mesurent actuellement leurs émissions de Scope 3 et comprennent comment leurs activités y contribuent.
Reste donc aux entreprises à revoir de fond en comble leur stratégie data. Avec un objectif clair : « réduire les données qu’elles stockent à ce qui est strictement nécessaire ». « Cela implique de supprimer les données qui ne sont plus requises. Ce qui présente d’autres bénéfices, comme limiter les risques de fuite ou liés à la conformité avec le RGPD. »