En 2019, Ursula von der Leyen, alors présidente de la Commission européenne, présentait le pacte vert pour l’Europe. L’ambition ? Réduire d’ici 2030 d’au moins 50% les émissions de gaz à effet de serre de l’UE par rapport aux niveaux de 1990, réviser les législations existantes et introduire de nouvelles directives sur l’économie circulaire, la rénovation des bâtiments, l’agriculture, l’innovation… et la biodiversité. Problème : en ce qui concerne cette dernière, un texte-clé imposant la restauration des écosystèmes abîmés est aujourd’hui bloqué. Pourtant, il y a urgence à agir. Une étude d’Odoxa pour I-Care et Capital notait en avril dernier que 80% des citoyens français estimaient que la situation était « préoccupante ». Et le son de cloche n’est pas différent pour le reste de l’Europe : lundi 13 mai, 11 ministres de l’environnement européens ont appelé leurs homologues à approuver la législation bloquée au sein d’une lettre commune.
Que propose le texte bloqué ?
La législation impose notamment d’instaurer d’ici 2030 des mesures de restauration des écosystèmes sur 20% des terres et espaces marins à l’échelle de l’Union européenne. 30% des habitats en mauvais état sont aussi concernés. Par ailleurs, le texte prévoit d’adopter des dispositions pour améliorer les critères de mesure de santé des forêts, retirer les obstacles sur les cours d’eau, ou encore stopper le déclin des abeilles.
Une version édulcorée, adoptée mi-novembre 2023 par le Parlement et entériné en février 2024 par les eurodéputés, qui n’a pas reçu le feu vert formel des 27 États membres. L’impact au sein des milieux ruraux avait notamment suscité de nombreux débats et alimenté la colère du monde agricole, malgré de nombreux ajustements.
« L’absence persistante d’une majorité qualifiée [validant] l’accord provisoire soigneusement négocié » inquiète les pays signataires (Irlande, France, Allemagne, Espagne, République tchèque, Luxembourg, Estonie, Lituanie, Danemark, Slovénie et Chypre).
Faire de l’UE un leader mondial dans la restauration de la nature
Initiée par l’Irlande, la lettre rappelle que ratifier le texte permettrait à l’Europe de tenir ses engagements – notamment celui de devenir un « leader mondial dans la restauration de la nature« . Les pays signataires insistent sur l’importance d’avancer avant la Cop Biodiversité qui se tiendra à Cali, en Colombie, en octobre.
Aux entreprises de se positionner ?
L’étude d’Odoxa s’intéresse au rôle que pourraient jouer les entreprises pour faire avancer les choses. « Adopter une posture vertueuse en termes de biodiversité est et sera un puissant atout en termes de marque-employeur », estiment les auteurs. 8 actifs sur 10 jugent « important » que l’entreprise dans laquelle ils travaillent évite la déforestation dans ses choix d’approvisionnement et évalue régulièrement son impact sur la biodiversité.