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Les labels RSE : entre véritable engagement et greenwashing

Une étiquette avec un symbole recyclage attachée à une chemise.
© BlackSalmon via iStock

L'environnement, l'éthique ou encore la durabilité : les labels RSE sont devenus un outil populaire pour informer sur un produit ou une entreprise. Cependant, cette prolifération soulève des questions quant à leur réel impact.

Les engagements RSE des entreprises occupent aujourd’hui une part importante dans les discours autour de leurs activités. Ces discours sont présents à la fois au sein des directions et des revendications des consommateurs.

Les consommateurs demandent un engagement plus fort des entreprises

Des revendications qui sont d’ailleurs en croissance : la consommation responsable interpelle de plus en plus de Français. C’est une des conclusions du 15e baromètre de la consommation responsable de l’Ademe de 2022. Selon ce rapport, 76% des répondants déclarent ainsi se mobiliser en faveur de la consommation responsable, contre 72% en 2021.

Il s’agit d’une mobilisation compréhensible, car les labels ont en effet un impact positif sur les entreprises qui les intègrent. Un rapport de Sia Partners de 2022 souligne un impact à la fois interne et externe des labels RSE. La labellisation permet aux entreprises d’accroître la communication avec leurs collaborateurs et clients sur leurs objectifs et leurs actions.

Les labels RSE ont un impact interne et externe

La labellisation permet également un dialogue avec d’autres entreprises en intégrant un réseau d’échange de pratiques durables. Les entreprises n’ayant pas de stratégie RSE ont donc la possibilité d’adhérer directement à des indicateurs précis en adoptant un label. « Une TPE ou une PME peut, dans un premier temps, faire un diagnostic et un petit plan d’action pour ensuite en faire un projet d’entreprise en vue de décrocher un label. Le label est une grande étape à franchir. Il s’agit d’une démarche exigeante et globale à mener à la fois à l’extérieur de l’entreprise mais aussi à l’intérieur en mobilisant ses équipes », souligne Philippe Kunter, directeur du développement durable et de la RSE chez Bpifrance

La diversité des labels RSE les rendent illisibles

Les labels RSE sont néanmoins très divers et variés. Ces labels peuvent être sectoriels (concernant une activité spécifique), thématiques (évaluant un engagement particulier) ou bien généralistes (couvrant un ensemble de problématiques). Cependant, ces labels ne sont pas égaux. Elles peuvent aller d’un simple questionnaire à un audit sur site de plusieurs jours et peuvent ou non appartenir à une commission de labellisation.

Cette diversité est notamment due à un manque de réglementation générale sur la labellisation. Une enquête de l’AFP s’est ainsi penchée sur la prolifération des labels dans l’industrie du bricolage en France. Les indices Carbon Score, Home Index, J’agis et Bon+Bon apparaissent chez les grands groupes français, avec une méthodologie tout autant variée. « La diversité de ces indicateurs risque de perdre les clients », affirme Jean-Luc Guéry, président de l’Association professionnelle des industriels du nouvel habitat. « Pour que le consommateur s’y retrouve, il est essentiel d’avoir un système unique. »

Une labellisation incohérente qui éclipse la RSE par le marketing

Faute de réglementation, l’obtention d’un label RSE a tendance à s’inscrire dans une logique de greenwashing. Afin de valoriser leur marque auprès de leurs clients, les entreprises inscrivent cette démarche dans une stratégie de marketing plutôt qu’une logique de RSE concrète. Par conséquent, les labels risquent de perdre leur efficacité en tant qu’outils de différenciation et de promotion des bonnes pratiques.

« Décrocher un label RSE est intéressant et généralement utile mais il s’agit d’un couronnement d’une démarche engagée déjà mise en place durant plusieurs années », affirme encore Philippe Kunter.

Vers une unification des labels

Comment simplifier ce paysage complexe pour qu’il soit plus accessible et compréhensible pour tous les acteurs ? Une solution envisageable serait d’aller au-delà des labels indépendants et de promouvoir une réglementation plus globale et harmonisée. La directive CSRD vise notamment cet objectif.

Quelques bons élèves existent dans cet espace, tel que le label AB (agriculture biologique), propriété du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Il est en effet présenté comme un exemple à succès dans un rapport sur les labels RSE rédigé en 2021 par la Direction générale du Trésor de France. Ce label est normalisé à travers l’Union européenne, certifié par des organismes nationaux et organisé dans un réseau de plus de 60 000 opérateurs. Il peut servir d’exemple aux certifications dans d’autres industries.

« Dans l’ensemble, les entreprises appellent de leurs vœux une harmonisation de la mesure de l’impact sur les objectifs de développement durable », affirme ce même rapport. « Elles sont 68% à demander un outil cohérent qui puisse leur permettre de communiquer avec leurs parties prenantes. »

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