Énergivore et gourmande en composants électroniques, l’intelligence artificielle n’est pour l’instant pas l’alliée évidente du sauvetage de la planète. Pour autant, il serait prématuré d’écarter a priori les retombées positives qu’elle pourrait avoir, à l’avenir, pour la transition écologique. Dans son dernier rapport, le Giec soulignait d’ailleurs que « l’IA [était] un nouveau champ pour l’impact du changement climatique ». Il citait ainsi plusieurs « applications sectorielles pertinentes » pour les rendements agricoles, les systèmes d’alerte précoce ou la gestion de l’eau. Charge aux prochaines générations, notamment la génération Z, de s’en servir intelligemment.
Dans leur « manifeste pour une IA au service de la planète« , le cabinet de conseil EY Fabernovel et Microsoft ont analysé la capacité de l’intelligence artificielle à remplir 3 objectifs écologiques. D’abord « passer de l’action urgente à l’action opportune », puis « s’adapter et atténuer » et enfin « conserver et restaurer ». Et force est de constater que, bien cadrée, l’IA sera un outil crucial pour la transition écologique.
Des atouts évidents
Les experts en sont convaincus : « l’IA peut jouer un rôle crucial dans la transition vers une adaptation durable, holistique et proactive ». D’abord parce qu’elle permet de rassembler et utiliser des données aujourd’hui dormantes, via des interfaces faciles d’utilisation. Ce qui, fait rare, en fait un outil à la disposition du plus grand nombre. « L’intégration de l’IA dans les plateformes open-source, dotées d’APIs, démultiplie son exploitabilité pour un éventail d’utilisateurs pluridisciplinaires », notent les auteurs du manifeste. Un atout certain alors que la mobilisation pour l’écologie doit être la plus large possible afin d’être efficace.
En outre, sa puissance de calcul trouve des applications évidentes au service de la transition verte. Ainsi, l’IA constitue « un levier essentiel pour aider nos systèmes de distribution, de production et nos infrastructures à optimiser la gestion des ressources, réduire les gaspillages et améliorer l’efficacité énergétique », souligne le manifeste. Avec des bénéfices à court terme (« améliorer l’efficacité et la résilience de nos systèmes »). Mais aussi à long terme, dans la conception d’une « transition écologique profonde », via une assistance à l’éco-conception, par exemple.
Des défis… humains
Reste que mettre l’IA au service de la planète présente des défis majeurs. En premier lieu, surmonter l’incertitude liée à l’humain, dont l’IA dépend. Pour être efficace, l’implémentation « ciblée » de l’IA doit ainsi être « guidée par une stratégie de développement durable claire et une approche transparente ». Le test and learn se heurte à l’urgence climatique : l’IA doit rapidement trouver des cas d’usage à haute valeur ajoutée pour démontrer son efficacité.
Mais la génération Z ne pourra pas uniquement se reposer sur l’IA pour sauver la planète. « Même si ces efforts sont prometteurs, ils ne doivent pas servir d’écran de fumée aux objectifs de réductions de GES qui impliquent des changements de consommation et de modèles », prévient le manifeste. De la même manière, « restaurer des écosystèmes n’est efficace que si les conditions qui les contraignent n’empirent pas ». Utiliser l’IA pour gagner en efficacité écologique, oui. Lui confier intégralement la transition vers un modèle de société plus durable, non. Conceptrices d’IA ou utilisatrices, les entreprises devront donc s’atteler à la tâche. Les auteurs s’interrogent ainsi sur la nécessité de créer un nouveau statut, calqué sur le B corp : une entreprise « P corp, pour planète, où toute la valeur serait reversée et partagée avec la planète et irrévocablement engagée à cette mission ».