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Transition écologique : où sont les femmes ?

Une femme portant un pull jaune regardant à travers une paire de jumelles
© Marisa9 via iStock

Elles ont été les grandes absentes de la transition numérique. Vont-elles être effacées de la transition écologique ? C’est le risque, à mesure que le sujet s’invite dans les directions financières des entreprises.

Deux tiers des personnes qui postulent aux offres proposées par Birdeo, cabinet de recrutement spécialisé dans le développement durable, sont des femmes. Caroline Renoux, la fondatrice, confie même qu’elle écrit un livre sur le fait d’intégrer la RSE dans les différents métiers… et qu’elle peine à trouver des hommes inspirants sur le sujet. Pourtant, les chiffres dressent un constat sans appel. Les femmes risquent d’être les grandes absentes de la transition écologique des entreprises.

Les femmes ont plutôt des postes à responsabilités…

Dans l’édition 2023 du rapport « Emploi, chômage, revenus du travail » l’Insee et la Dares notent que les femmes dans les métiers « verts » sont bien plus diplômées que leurs collègues masculins. Ainsi, 61% des femmes de ce domaine sont diplômées du supérieur long (contre 18% des hommes). Une proportion supérieure aux femmes en emploi au global (33%).

Conséquence directe, les femmes des métiers du développement durable occupent les postes les plus qualifiés. Elles sont 46% à être cadres, là où leurs collègues masculins sont majoritairement ouvriers (64%). Elles occupent davantage des postes de responsable qualité, sécurité et environnement (12%), de chargées de mission environnement (5%) ou d’ingénieures environnement (3%). Les femmes représentent par ailleurs plus de la moitié des postes de direction RSE des entreprises du CAC 40.

… mais restent moins nombreuses que leurs collègues masculins

Les femmes occupent peut-être (pour l’instant) des postes plus qualifiés que les hommes, mais elles restent « très minoritaires dans les métiers du développement durable », précise encore le rapport de l’Insee et de la Dares. Elles ne représenteraient, au total, que 16% des effectifs.

Les données fournies par LinkedIn ne disent pas autre chose. Au niveau mondial, les femmes inscrites sur le réseau ne représentent que 34% des métiers « verts » au sein des entreprises. Côté leadership, la sous-représentation des femmes dans les postes de direction est encore plus prononcée dans les industries vertes que dans les autres secteurs. Elles n’occupent que 20% des postes de vice-présidentes et 21% des postes de direction dans les industries vertes, contre respectivement 27% et 25% dans l’ensemble des secteurs de l’économie mondiale.

En France, les métiers liés à la transition environnementale et énergétique ont le vent en poupe. Les emplois verts représentent un quart des métiers les plus en croissance selon le dernier classement de la plateforme et 20% des offres sponsorisées en 2023. Mais c’est aussi le pays où l’écart en matière de compétences vertes s’est le plus creusé entre les hommes et les femmes depuis 2016 (+93%). Résultat, les hommes sont de plus nombreux et de plus en plus visibles. Entre novembre 2022 et aujourd’hui, 62% des posts dédiés à la RSE sur X ont été publiés par des hommes, indique la plateforme de veille des réseaux sociaux Visibrain.

Les métiers verts muent vers la finance

Non seulement les femmes sont donc moins présentes que les hommes dans les métiers « verts », mais l’écart se creuse de plus en plus. Un constat qui n’étonne pas Thomas Guyot, l’un des co-fondateurs de Traace, solution qui permet aux entreprises de gagner en autonomie sur leur bilan carbone. « L’évolution de la réglementation dirige les sujets RSE vers les départements finance. À mesure que les données financières gagnent en importance, le profil de nos interlocuteurs évolue », témoigne-t-il. « C’est assez classique. Les sujets techniques ou pointus sont plutôt l’apanage des hommes en entreprise, là où les femmes s’emparent des sujets sociaux, plus humains », poursuit Brune de Bodman, directrice des opérations de l’entreprise.

Pour Caroline Renoux, le développement de solutions numériques destinées à accompagner les entreprises, masculinise la transition écologique. « Les hommes dominent le monde de la tech. Ils entreprennent plus, lèvent plus de fonds, et sont aussi majoritaires en écoles d’ingénieurs. » Cependant, elle appelle de ses vœux à ce que les métiers du développement durable ne se cantonnent pas à un aspect mathématique et financier. « Avec la CSRD, l’accent a été mis sur le calcul des émissions carbone. C’est un prisme déformant. Mais la transition écologique, ce n’est pas que cela. C’est une composante stratégique des modèles des entreprises. »

Les entreprises peuvent se positionner contre le « plafond de vert »

Les équipes de LinkedIn emploient l’expression « plafond de vert » pour alerter sur le phénomène. Certaines entreprises se positionnent dès à présent pour lutter. « Nous comptons plus de 50% de femmes au sein des effectifs de Traace, se félicite Thomas Guyot. À nos débuts, nous recrutions beaucoup d’hommes. Nous avons très rapidement fait le choix de ne recruter que des femmes, sur une période donnée, pour féminiser les équipes. Cela fait effet boule de neige. »

En témoigne l’équipe de Brune de Bodman, composée à 80% de femmes. « Le fait d’avoir fait des études que l’on attend sur les profils d’analystes ou d’ingénieurs, où les hommes sont majoritaires, n’est pas le seul critère de recrutement, insiste-t-elle. Notre métier, au quotidien, demande de la rigueur. Il nous faut des têtes bien faites, et surtout, des gens motivés sur ces sujets. Nous portons une grande attention aux engagements personnels de nos candidats. Tout est une question de volonté du côté de la direction », conclut-elle.

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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