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Choiseul 100 : les leaders de demain doivent lutter contre le « déclinisme ambiant »

Un homme franchissant une porte pour se diriger vers la lumière
© NiseriN via iStock

Distinguer les jeunes leaders qui font bouger l’économie française, c’est l’ambition du classement Choiseul 100. Un vaste défi dont les lauréats s’emparent déjà.

Le classement Choiseul 100, fête ses 10 ans. L’occasion pour Paul Gadel, directeur des opérations et des études, de rappeler les débuts de l’Institut. « À l’origine, nous sommes un think tank de recherche pure en géoéconomie. À la fin de la Guerre Froide, les grandes puissances faisaient et défaisaient les relations internationales sous un prisme économique. » Les années passent, et ce prisme géoéconomique n’est pas forcément favorable à la France. Dans les années 2010, la mode est au French bashing. Alors que l’opinion s’alarme de la « fuite des cerveaux » à l’étranger, Pascal Lorot, président de l’Institut Choiseul, veut montrer que la jeune génération de leaders peut porter la puissance économique de la France. Naît alors l’idée du classement Choiseul 100, qui met en lumière les moins de 40 ans qui incarnent les forces vives de l’économie française, et qui ont la capacité de conquérir l’économie internationale.

La 11e édition de ce classement, qui se veut à la fois miroir des évolutions de la société et prescripteur, montre que les préoccupations des leaders évoluent, « et que l’économie doit être incarnée pour changer dans le bon sens », explique Paul Gadel.

Désiloter l’économie

Les équipes de l’Institut Choiseul présentent les lauréats du classement comme faisant « bouger l’économie française ». Mais pourquoi l’économie devrait-elle bouger, au juste ? Et dans quel sens ? « La raison d’être de ce classement, c’est l’optimisme, avance Paul Gadel. Nous voulons montrer qu’il existe des solutions aux défis d’aujourd’hui par la mise en valeur de leaders qui luttent contre le déclinisme ambiant. » De fait, le classement récompense des personnalités diverses. Des innovateurs, des entrepreneurs, des repreneurs… Les profils sélectionnés ne dirigent pas tous des entreprises : certains sont à la tête de « business units » au sein de grandes structures, d’autres ont une influence dans un secteur donné… « Notre objectif est d’identifier toutes ces jeunes personnalités qui ont un pouvoir de décision directe et de les rassembler. »

Ce « réseau d’intelligence » n’est que la partie émergée de l’iceberg qui doit permettre de « décloisonner l’économie française », précise Paul Gadel. « Les acteurs de l’ESS n’ont pas toujours l’occasion d’échanger avec des acteurs de l’innovation, ni les entrepreneurs avec des C-levels de grands groupes ou les financiers avec des porteurs de projets associatifs. Nous voulons insuffler cela, sous la bannière de la souveraineté économique. Le tout dans un cadre indépendant et apolitique, pour prouver que l’économie peut répondre aux enjeux sociaux et environnementaux. »

L’impact comme boussole

En 11 éditions, les équipes de l’Institut Choiseul ont pu noter certaines évolutions. Premier constat : les profils types « énarques » deviennent une minorité. Ils ont été remplacés par des talents issus de la FrenchTech ou de l’ESS. « De plus en plus, ce sont des gens qui prennent en compte l’impact dans le modèle d’affaire de leurs entreprises. Ils cherchent à combiner impact et rentabilité. » Cela se traduit aussi bien du côté des entrepreneurs que chez les décideurs installés dans les grandes entreprises. « On voit leur intitulé de poste évoluer », appuie Paul Gadel. Au programme : ressources humaines et souveraineté économique apparaissent de plus en plus dans les positionnements de ces nouveaux leaders.

Par ailleurs, le classement 2023 met en avant 40% de femmes. « Un signal particulièrement important », pour Paul Gadel. Bien sûr, la loi Rixain, qui impose de nouvelles obligations en matière de représentation, aide. « Mais, au-delà du cadre légal, nous essayons d’accompagner le mouvement. Dans nos arbitrages et nos sourcings, nous voulons des talents féminins, autant que faire se peut. »

Le leader du futur doit incarner un nouveau pacte

L’Institut Choiseul a interrogé les lauréats des précédentes éditions sur ce qu’ils pensaient être un leadership responsable, inclusif ou à impact. Ce qui apparaît comme fondamental, c’est « la capacité à incarner le capitalisme des parties prenantes ». En d’autres termes : les décideurs doivent comprendre que leur activité s’inscrit dans un écosystème de plus en plus complexe. « Faire bouger l’économie, c’est prendre en compte les relations d’interdépendance qui existent entre toutes les parties prenantes. L’impact écologique, la relation avec les partenaires, le bien-être des salariés, la raison d’être de son activité… tout cela crée un nouveau pacte qu’il faut honorer. »

Ces évolutions contrastent avec le moule dont sont issus les leaders d’hier, « toujours financier ou administratif. Aujourd’hui, les leaders sont plus agiles, ont plusieurs rôles. Cela pose de nouvelles questions, notamment sur la charge mentale qui pèse sur eux », conclut Paul Gadel. Le leader du futur doit donc ajouter une corde à son arc : savoir bien s’entourer, pour naviguer entre les différentes sources d’informations pour prendre la bonne décision sans succomber à la fatigue informationnelle.

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