2023, année record du mal-être au travail ? La dernière édition du rapport sur la santé mentale d’Axa note que les salariés sont de plus en plus nombreux à souffrir de troubles de santé mentale. Au total, 75% de la population mondiale « vit avec des troubles mentaux multiples en raison de l’environnement de travail », rapporte l’étude.
Mauvaise santé mentale et travail : reconnaître les signes… et les causes
« Les gens ont du mal à reconnaître que certains troubles – comme une fatigue extrême ou de l’anxiété – sont dus au travail », constate Patrick Cohen, CEO Axa Europe & Health. Pourtant, trois quarts des travailleurs expérimentent l’un des symptômes suivants à cause de leur environnement de travail : grande fatigue ou perte d’énergie, troubles du sommeil, stress et anxiété, perte d’intérêt ou de plaisir pour certaines activités, difficulté de concentration ou dans la prise de décision, baisse de confiance en soi, troubles de l’appétit.
De fait, l’entreprise reste le lieu où l’on innove, crée des relations, construit une carrière. L’accent est assez peu mis sur le revers de la médaille. Les horaires à rallonge, le sentiment d’inutilité ou le stress ont un impact direct sur la santé mentale des travailleurs. Et ce, toutes catégories confondues. CSP, genre, génération… tout le monde y passe. Y compris les télétravailleurs, qui sont 48% à expérimenter une plus grande perte de confiance.
Les conséquences du mal-être au travail
Au sein des différents pays interrogés (16 en Europe, Asie et Amérique), le coût total de la santé mentale au travail est estimé à 2 700 milliards de dollars ! En cause : un désengagement des salariés – et donc une perte de productivité des entreprises – et des absences parfois prolongées.
Le rapport note ainsi que les salariés qui souffrent de problèmes psychologiques à cause de leur environnement de travail sont 69% à être désengagés vis-à-vis de leur entreprise. Le télétravail est même devenu un moyen d’éviter l’entreprise plus que de trouver une forme de flexibilité pour 35% des concernés.
L’autre conséquence directe, c’est l’augmentation d’arrêts maladie directement imputables à ces problèmes. Ainsi, 33% des travailleurs ont connu au moins un arrêt maladie pour des raisons de santé mentale au cours des 12 derniers mois. Une proportion qui atteint 38% chez les jeunes travailleurs. Paradoxalement, le nombre de professionnels de santé mentale consultés, lui, n’a pas décollé. Selon Axa, c’est le signe qu’une forme de honte subsiste à parler de mal-être psychologique.
Enfin, certains prennent les devants. 30% des répondants préfèrent prendre des congés sans solde pour préserver leur santé mentale.
Les entreprises ont un rôle à jouer
Patrick Cohen invite les entreprises à se mobiliser pour accompagner leurs salariés. « Elles peuvent les aider à reprendre le contrôle. Et quand la santé mentale des équipes s’améliore, c’est aussi le cas pour l’activité de l’entreprise – et, plus largement, pour l’ensemble de l’économie. » Les équipes revendiquent une meilleure prise en charge des problèmes de santé mentale accompagnée « de mesures concrètes ».
Les répondants sont ainsi près de 90% à déclarer que les bénéfices et initiatives soutenant le bien-être psychologique est déterminant dans leur choix de rester au sein d’une entreprise. Les sondés expriment plusieurs revendications. On retrouve en premier lieu la possibilité de consulter des spécialistes de la santé mentale au travail (42%), l’organisation de workshops, séminaires ou webinaires pour améliorer la connaissance et les pratiques sur le sujet (36%), la prise en charge des soins de santé mentale (36%) et la formation des managers (34%). Aujourd’hui, seuls un tiers des salariés se sent à l’aise pour aborder les troubles de santé mentale avec ses supérieurs.
« Les organisations qui parlent de santé mentale et soutiennent leurs salariés sont à même de réduire le taux d’absentéisme, d’augmenter la productivité et de créer une forme d’engagement, estime Karima Silvent, Directrice des ressources humaines d’Axa. Elles ont la responsabilité de créer des lieux où les gens peuvent compter les uns sur les autres en cas de coup dur. »