Les prêts garantis par l’État (PGE) constituent des « boulets » pour la trésorerie des entreprises. Mais aussi pour leur transition écologique. Dans son dernier état des lieux, qui fait le bilan de l’année 2023 et dresse les perspectives pour 2024, le Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI) se fait l’écho des difficultés des chefs d’entreprise face au remboursement des PGE contractés pendant la crise du Covid. Alors que les défaillances d’entreprises se multiplient, d’autres effets sont moins évidents mais tout aussi dramatiques.
Des difficultés de trésorerie qui plombent l’investissement
« Le remboursement du PGE représente environ 3,75% du chiffre d’affaires des petites entreprises. C’est l’équivalent de la marge moyenne de ce segment d’entreprises », souligne le rapport. Or les fonds mobilisés pour le remboursement des PGE ne peuvent être affectés ailleurs, notamment à l’investissement. « Le PGE a été utilisé par 70% des 550 000 TPE afin d’assumer des dépenses courantes, rappelle le SDI. De ce fait, les PGE n’ont pas servi à des investissements mettant alors les entreprises dans une situation où elles reportaient, à crédit, une dette pour payer leurs dépenses quotidiennes. »
Le PGE a placé certaines petites entreprises sous perfusion pendant la crise du Covid. Elles font aujourd’hui face à un « effet boomerang » de ce manque d’investissement. Arnaud Marion, fondateur de l’Institut des Hautes Études en Gestion de Crise (IHEGC), regrette que « les PGE [aient] financé de la destruction de valeur, des pertes alors qu’ils auraient dû servir à de la création de valeur ». « Ils n’ont pas servi à étendre les capacités de production des entreprises. Et aujourd’hui, les entreprises investissent 100% de leur cashflow dans le remboursement de ces PGE plutôt que d’investir. »
La transition écologique, variable financière d’ajustement
Ainsi, « 68% des répondants en cours de remboursement d’un PGE indiquent devoir arbitrer avec d’autres dépenses« . Premières variables d’ajustement : l’équilibre de la trésorerie et la rémunération personnelle du dirigeant d’entreprise. L’étude précise que près de la moitié des indépendants et dirigeants de TPE gagnent moins d’un Smic. Logiquement, ce sont ensuite les investissements qui sont mis en attente. Et notamment ceux liés à la transition écologique des petites entreprises.
Comme le rappelle le SDI, « la réglementation environnementale à la charge des TPE reste à ce jour notablement centrée sur l’incitation et le bon sens ». Mais aussi l’engagement personnel des dirigeants… et la marge de manœuvre financière dont leur entreprise dispose. Le SDI souligne ainsi que « les dirigeants de TPE adhèrent à la transition écologique par principe jusqu’à ce qu’elle remette en cause la pérennité même de leurs activités« . Le remboursement des PGE, qui pèse tout particulièrement sur les petites entreprises, met en péril ces acteurs précieux de la transition écologique.
Une réponse inadaptée
Conscient du problème, Bercy a renouvelé, début janvier, la possibilité pour les entreprises de négocier un allongement de la durée de remboursement de leur PGE. Cette mesure, instaurée en 2022 pour 1 an, est prolongée de manière conséquente afin de couvrir « la fin de l’échéancier de la majorité des PGE octroyés », a expliqué le ministère.
Las, pas de quoi contenter le SDI. Il rappelle que les conditions de crédit se sont encore durcies ces derniers mois. Et que la négociation n’est donc pas favorable aux TPE. « Étaler le remboursement d’une dette contractée à 1% sur la base des taux actuels à 4,5% revient in fine à alourdir encore la charge de son remboursement« , regrette le syndicat. Qui plaide pour un allongement aux mêmes conditions que celles négociées au moment de l’emprunt.