On a beau parler de l’importance des « petits efforts », il ne faut pas se mentir : la transition écologique va coûter cher aux entreprises. Certes, sur le long terme, il s’agit d’un investissement vertueux, qui peut même rapporter gros. Mais il faut, à un moment donné ou à un autre, desserrer les cordons de la bourse. Ne serait-ce que pour se plier aux réglementations qui entrent en vigueur. Ainsi, au moment des discussions autour de la CSRD, Bruxelles estimait le coût du texte initial à 1,7 milliard d’euros pour son seul déploiement. Des sommes auxquelles doivent s’ajouter les coûts de reporting, et de transformation vers plus de durabilité. « Le gouvernement français estimait en 2023 le coût de la décarbonation de l’économie à 60 milliards par an« , rappelle Cécile Joly. Cette entrepreneuse a décidé de mettre ses 20 ans de carrière dans le corporate banking au service de la transition écologique. En 2019, elle a fondé KLS, un éditeur qui outille les banques afin de « faire plus et mieux » en la matière.
Comprendre le financement de la transition écologique
« Tous les investissements que nous évoquons ne peuvent être réalisés que par le biais de financements. Soit par dette privée, soit par dette bancaire », détaille l’experte. Les entreprises peuvent obtenir 2 types de financement. D’une part, les prêts fléchés, qui définissent un « objet green » à financer. D’autre part, les crédits à impact, qui demandent à l’entreprise et au prêteur de s’entendre sur une trajectoire écrite et dont le taux d’intérêt est minoré en fonction de l’atteinte de critères définis. Pour complexifier un peu les choses, certaines entreprises peuvent obtenir un crédit syndiqué, c’est-à-dire que plusieurs banques collaborent pour octroyer et suivre ledit crédit. « Nous avons pensé notre plateforme pour faciliter, via des fonctionnalités de rappels ou de reporting automatique, le suivi de ces crédits. »
Répondre à l’augmentation des crédits et à la baisse des recrutements
Cécile Joly relate qu’en parallèle de la structuration de l’offre verte des banques, de nouveaux métiers voient le jour, comme celui de « conseiller en transition énergétique ». Il s’agit souvent d’un profil qui n’est pas issu du monde de la finance, mais de celui de la RSE. Il permet aux banques, au-delà du financement, de faire des audits ou d’identifier les trajectoires pour améliorer leur impact. « Mais malgré cela, nous allons nous heurter à une équation difficile à résoudre, alerte Cécile Joly. Aujourd’hui, 35% des grandes entreprises ont contracté un crédit à impact. D’ici 4 à 5 ans, cette proportion atteindra 96%. Nous parlons de crédits qui sont suivis sur plusieurs années, cela demande de repenser l’organisation des banques pour faire face à un tel volume. Or, la tendance n’est pas au recrutement. La seule solution pour résoudre cette problématique opérationnelle est donc de s’outiller. »
Ne pas alourdir la charge des entreprises
KLS est une plateforme multi-interfaces. C’est-à-dire que chacun possède des accès, du côté du prêteur comme de l’entreprise. La banque enregistre les critères définis dans le contrat de prêt ainsi que la trajectoire, et KLS, de façon automatique, envoie des rappels aux échéances prévues. « Cela permet de pallier les risques liés aux turnovers, aux changements d’équipes, aux oublis de rendez-vous. L’entreprise peut déposer directement son bilan carbone dans la plateforme, sans se soucier de la taille du document. Toute l’information est centralisée, on enlève une bonne partie de la charge administrative. Du côté de la banque, il est possible de façon quasi automatique d’appliquer ou de modifier la tarification et les taux d’intérêt. D’une certaine façon, nous supprimons toute la charge mentale qui peut exister dans ce type de relation », se réjouit Cécile Joly.
Et afin que cette charge ne soit pas redistribuée sur l’entreprise emprunteuse, KLS commercialise sa solution aux banques. « Il est plus logique d’outiller les banques, afin qu’elles puissent offrir ce service à leurs clients. D’autant plus lorsque l’on a affaire à un crédit à impact syndiqué. Cela permet à l’entreprise de n’avoir qu’un seul contrat, et d’avoir accès à toutes les banques sur une même plateforme. »