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CSRD : les freelances au secours des entreprises

Un sablier dont le sable qui s'écoule représente la planète Terre
© peepo via iStock

Avant l'application de la directive CSRD, un constat s'impose : en interne, les entreprises manquent cruellement de compétences.

Tic, tac… Le 1er janvier 2024 marque l’application de la directive européenne CSRD – pour Corporate Sustainability Resporting Directive. Derrière l’acronyme, une nouvelle obligation : celle de fournir un reporting annuel de performance extra-financière. Au total, 50 000 entreprises actives au sein de l’Union européenne sont concernées. Et, force est de le constater… toutes ne sont pas prêtes.

Les grands groupes sont déjà rôdés à l’exercice

Adeline Labelle est responsable du développement de People4Impact, le hub de freelances du cabinet de recrutement spécialisé en RSE Birdeo. Elle est témoin, au quotidien, du décalage de préparation entre les entreprises qu’elle accompagne. « D’une part, toutes ne sont pas soumises au même calendrier. De l’autre, les grands groupes sont déjà rodés à l’exercice. Ils étaient soumis à la NFRD et pratiquent déjà le reporting extra-financier. »

La difficulté de la double matérialité

Bilan carbone, trajectoire de réduction de leur empreinte… Les grandes entreprises ont déjà assimilé ces sujets mais sont moins matures sur celui de l’analyse de la double matérialité. « C’est l’une des nouveautés entraînées par le CSRD. Il s’agit de mesurer l’impact de l’entreprise sur l’environnement mais aussi celui du dérèglement climatique sur l’activité de l’entreprise. » Un exercice pour lequel sont souvent sollicités les experts de People4Impact, de même que le rapport de durabilité exigé par la directive.

Les freelances à la rescousse

Il existe un triple phénomène qui explique le manque de compétences en interne. D’une part, la RSE a changé. Elle est passée d’une activité rattachée au service de com’, proche du storytelling, à une expertise de plus en plus technique et pointue. D’autre part, les talents formés (et au niveau) se font rares. Enfin, la crise ne permet pas toujours aux entreprises d’investir sur ces profils. Résultat, pour les experts techniques, le statut de freelance est « souvent plus intéressant », explique Adeline Labelle. « Ils travaillent pour plusieurs entreprises, exercent plusieurs missions. Leurs compétences sont très prisées, ils ont le choix de travailler pour des clients qui les intéressent. »

Et pas question, pour la majorité d’entre eux, de rejoindre une boîte à plein temps : ils sont nombreux à avoir quitté le salariat, et apprécient la flexibilité que permet le freelancing.

Quels sont les besoins des organisations ?

Selon le niveau de maturité des entreprises, les besoins en termes d’accompagnement diffèrent. « Un expert finance va, par exemple, former les collaborateurs sur des missions courtes. Au contraire, certaines structures auront besoin d’un accompagnement sur un an pour instaurer une gouvernance RSE et sensibiliser le CoDir au sujet. »

Parmi les compétences qui manquent le plus aux entreprises, Adeline Labelle évoque la collecte des données. « Beaucoup d’entreprises fonctionnent encore avec des tableaux Excel. Nous pouvons les équiper avec les outils adéquats. »

Ne pas négliger la formation

Quand on ne sait pas par où commencer, l’un des leviers à activer reste celui de la formation. « Il existe énormément de formations et d’organismes. Mais avant de se lancer, il convient de définir ses priorités. Cela ne sert à rien de s’inscrire à toutes les formations sans objectif précis », alerte l’experte. Ainsi, si une entreprise se rend compte, à l’issue de son bilan carbone, que ses émissions proviennent principalement de son poste « énergie », elle pourra se former à la sobriété énergétique pour ses infrastructures. Au contraire, si c’est l’extraction des minerais qui pèse le plus lourd, elle devra s’intéresser à l’analyse du cycle de vie de ses produits.

Le point clé : anticiper

Toutes les entreprises ne sont pas soumises au même calendrier… mais toutes doivent, dès à présent, se préparer. « Je pense surtout aux ETI et PME cotées. Elles sont peut-être moins avancées que les grands groupes, mais elles ne doivent pas attendre la dernière minute pour se mettre en ordre de marche », insiste Adeline Labelle. Car, se conformer à la CSRD, ce n’est pas simplement réduire ses émissions propres. « C’est instaurer une dynamique, auprès de ses collaborateurs… mais aussi des fournisseurs et des sous-traitants. En tant que ‘Scope 3‘, ils constituent 70% des émissions carbone des entreprises. Les mobiliser pour obtenir les informations les plus précises possible ne se fait pas en 3 mois. »

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