Si les entreprises sont de plus en plus nombreuses à travailler leurs indicateurs ESG – ce reporting extra-financier qui rend compte de la dimension responsable de leur activité – c’est parce que les avantages qui en découlent sont aussi variés que leurs domaines d’application. Que ce soit en interne – où ils servent l’image de l’entreprise et nourrissent la marque employeur – ou en externe, où ils constituent des vecteurs de réputation et des critères d’attractivité essentiels pour un nombre croissant d’investisseurs.
Performance économique, marque employeur et financements attractifs
Membre du directoire d’Eurazeo, Olivier Milliet explique : « L’idée est que, pour tout business, on ne s’attache plus seulement au profit mais à la façon dont il est réalisé. Celle-ci doit désormais être respectueuse de l’environnement et de l’ensemble des parties prenantes. » D’où le recours aux critères ESG pour attester des efforts déployés pour réduire l’impact écologique de son activité, mettre en œuvre « un projet collectif » apte à attirer et fidéliser les talents et se doter d’un fonctionnement « vertueux ».
Pour lui, l’impact de ces indicateurs est multiple : ils jouent sur le plan économique – « en rendant les produits ou services commercialisés compétitifs sur le plan de l’honorabilité » – et réputationnel, mais aussi sur le plan RH puisqu’ils viennent nourrir la marque employeur et doper l’attractivité de l’entreprise auprès de ses collaborateurs et, bien sûr, financier. « L’extra-financier est un indicateur de récurrence de la performance économique ; résume Olivier Millet. Pour l’heure il influe sur l’attractivité des taux, mais bientôt il conditionnera tout financement extérieur, que ce soit par dette ou par equity : les investisseurs ne viendront plus s’ils ne peuvent le mesurer. » Problème : tout ce qui atteste aujourd’hui de la performance extra-financière d’une entreprise n’est pas mesurable.
Le frein de la mesurabilité
Cette absence d’unanimité autour de l’appréciation exacte de ces critères ESG entraine une difficulté de les valoriser plus avant sur le plan financier. « On peut, à terme, imaginer des indices boursiers dits ESG en prenant un panier de valeurs qui respectent une grille de critères extra-financiers stricts, mais pour cela l’appréciation de ces critères doit être unifiée » estime Fabrice Imbault, Directeur général d’A Plus Finance. Or, pour l’heure, les définitions et leur mesurabilité restent à la main de chacun ». Même chose en ce qui concerne la perspective d’une fiscalité dédiée. « Il en existe une, à la marge, avec le crédit carbone qui vient récompenser les entreprises ayant réduit leur empreinte carbone. Mais cette empreinte est mesurable, contrairement à ce qui a trait aux performances sociales et de gouvernance de l’entreprise », poursuit l’expert. Pour lui, l’impossibilité actuelle de mesurer la performance des indicateurs ESG est révélatrice. « On estime que ces critères vont donner de la valeur à l’entreprise. Mais dans quelle mesure et à quelle échéance ? Impossible aujourd’hui d’obtenir une réponse ferme et unanime là-dessus, déclare-t-il. Preuve qu’on est encore au début de l’aventure. » Et que beaucoup reste à faire.