Ménage, jardinage, soutien scolaire, aide aux seniors ou aux personnes en situation de handicap… Avec plus de 130 000 clients revendiqués, le groupe Oui Care est un poids lourd des services à la personne en France. Pour répondre à la demande, il gère 16 marques et 20 000 collaborateurs. Des chiffres impressionnants qui peuvent donner le tournis : comment créer une culture commune avec tant de diversité ? Pas de quoi faire peur à Djamila Tedjani, nouvelle DRH du groupe. Interview.
Le secteur des services à la personne est en souffrance. Quelle sont vos premières missions, en tant que DRH ?
Djamila Tedjani : Je vais commencer par établir une cartographie et des indicateurs clefs pour identifier et comprendre les principaux motifs de départ. Le secteur fait face à un turnover important. Je souhaite comprendre quels sont les leviers à activer pour le réduire. Cela passera par un travail de terrain assez poussé. Dans un groupe comme le nôtre, les informations se situent à différents endroits. Bien sûr, il existe des outils qui permettent de collecter et d’analyser la donnée. Mais pour comprendre la masse salariale, il faut aller à sa rencontre. Le tout, en étroite collaboration avec les autres départements, y compris la direction financière, pour accompagner au mieux nos équipes en cette période d’inflation.
Qu’est-ce qui explique que le secteur est en souffrance ?
D. T. : Les facteurs sont multiples. Mais il y a une vraie question autour de la formation et de la montée en compétence. En ce qui concerne l’activité de ménage et repassage, par exemple, il existe un grand décalage entre la réalité du métier et la perception qu’en ont les gens. Certaines personnes estiment que ce n’est pas un « vrai métier » puisque tout le monde peut le faire. C’est totalement faux. Nos collaborateurs et collaboratrices ont une vraie manière de procéder, une méthode bien précise. Nous mettons un point d’honneur à reconnaître leur excellence, les valoriser. Nous avons également créé un CFA d’entreprise, dont l’ambition est de répondre au besoin d’évolution de ces métiers, aux spécificités du secteur. Mais pour accompagner au mieux nos équipes, il faut démocratiser cet enjeu de la formation.
Comment créer une culture d’entreprise au sein d’un groupe aussi vaste malgré les difficultés du secteur ?
D. T. : Il convient de rappeler que le groupe ne s’est pas créé du jour au lendemain. Au sein de Oui Care infuse un ADN qui se transmet depuis 1996 : celui de l’attention portée à l’autre. C’est une valeur qui s’incarne au quotidien, y compris à travers notre fondateur, Guillaume Richard. Il impulse une vraie culture d’entreprise. Il prône l’accessibilité et le franc-parler. Ce qui est assez inédit dans un groupe de cette ampleur, dont l’ambition est de continuer à croître. Nous voulons faire de Oui Care le numéro 1 européen en 2025 et numéro 1 mondial en 2035. Un défi impossible si l’on n’adopte pas en interne les valeurs que nous souhaitons transmettre à nos clients, et qui devra passer par une meilleure fidélisation de nos collaborateurs. Je veux que les personnes qui nous rejoignent le fassent pour accéder à un climat social propice à l’engagement.
Biographie
Sortie de l’IPAG, Djamila Tedjani a obtenu par la suite une maîtrise en GRH. À 49 ans, elle a développé l’ensemble de ses expériences professionnelles au sein des services RH de grands groupes – Vivendi, Atalian, et enfin Veolia, pendant 5 ans, avant de rejoindre le groupe Oui Care.