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Les start-up spatiales européennes en manque de carburant pour décoller

Une fusée en mosaïque s'apprête à décoller
© Kenny Eliason via Unsplash

Des besoins astronomiques qui se confrontent à des modèles économiques fragiles et des investisseurs frileux : voilà le casse-tête auquel sont confrontées les start-up du NewSpace.

La French Tech a récemment atteint les 25 licornes. Et l’espace, combien de divisions ? Aucune. Le secteur compte quelques beaux tours de table, comme celui de 100 millions d’euros bouclé en 2020 par Kineis après seulement 2 ans d’existence – à titre de comparaison, il avait fallu près de 15 ans à SpaceX pour dépasser ce cap. En Europe, seules 2 SpaceTech ont acquis le statut de licorne : l’Allemande Lilium, spécialisée dans les véhicules volants électriques et l’Italienne D-Orbit, qui a investi le segment de la logistique spatiale. Sur les 10 entreprises les mieux valorisées du secteur, 8 sont implantées aux États-Unis. La plus jeune, Relativity, née en 2016, a déjà levé 1,2 milliard de dollars (1,14 milliard d’euros).

L’Europe manque-t-elle donc de capitaux pour combler son retard ? La vitalité du capital-risque comme du capital-développement contredisent cette idée. Selon Christelle Astorg Lepine, directrice du programme d’accélération Blast, dédié à l’industrie spatiale, le problème se situe en amont de la chaîne de financement. « Dans le secteur spatial, il n’y a pas assez d’investisseurs privés en France ou en Europe. »

Le NewSpace plombé par la recherche de rentabilité des investisseurs

La faute, d’abord, à des limited partners particulièrement frileux. Le fonds CosmiCapital, abondé par le Cnes, Bpifrance et Karista, n’a récolté que 38 millions d’euros et difficilement, à en croire le PDG de Karista, Olivier Dubuisson. « On n’arrivait pas à faire ce premier closing, on n’arrivait pas à les convaincre », a-t-il ainsi raconté aux Echos à propos des grands groupes approchés pour financer le fonds.

Ensuite, les fonds qui disposent de moyens plus importants ne sont pas forcément intéressés par les start-up du NewSpace. « Les investisseurs cherchent encore de la rentabilité à 4 ans, alors que les temps de développement des acteurs du NewSpace sont proches de ceux de la HealthTech« , observe Christelle Astorg Lepine. Les entrepreneurs du secteur ont aujourd’hui les yeux rivés sur Expansion, le dernier-né des fonds dédiés à l’industrie spatiale, porté conjointement par la société de gestion Audacia et l’accélérateur Starburst, qui a annoncé un objectif-cible de 300 millions d’euros.

Acheter européen doit devenir un réflexe

Les jeunes entreprises ne peuvent pas non plus compter uniquement sur les deniers publics pour décoller. Dans certains segments de l’industrie spatiale, le choix public se porte « sur des solutions étrangères alors qu’il existe sur le marché des solutions européennes, regrette Christelle Astorg Lepine. Tout le monde aimerait acheter local mais cela ne se fait pas de manière évidente. On manque de ce vrai chauvinisme qui privilégierait avant tout nos acteurs locaux. »

Et la commande publique délaisse trop souvent les start-up au profit d’industriels installés, alors que les premières auraient justement besoin de cette courte échelle pour disposer de premiers cas d’usage. La situation évolue, assure Sandrine Lafont, responsable Télécommunications par satellite au Cnes. « Le programme France 2030 doit permettre de faire ce qui se fait déjà couramment aux États-Unis, c’est-à-dire d’acheter un service et non de contribuer au financement de l’infrastructure. Il faut que le public puisse être le premier client qui aide le service à exister. »

Mais les start-up « doivent trouver de la ressource intérieure, elles ne peuvent pas s’appuyer que sur des contrats » publics, insiste Christelle Astorg Lepine. Les exemples de SpaceX ou Blue Origin – la société spatiale fondée par le milliardaire Jeff Bezos – démontrent que ces entreprises doivent d’abord trouver des modèles économiques qui leur permettent d’assumer sur fonds propres une partie des coûts de recherche et développement. Les start-up peuvent aussi prendre exemple sur leurs aînées continentales, qui ont réussi à capter « plus de la moitié du marché commercial accessible », se réjouit Sandrine Lafont. Certains sont déjà passés à l’offensive : Kinéis commercialise une offre de connectivité dédiée à l’Internet des objets et Prométhée dispose d’une offre « d’intelligence environnementale » qui s’appuie sur les données géospatiales.

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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