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Les compétences en RSE se font rares, mais des solutions existent pour les PME

Trois personnes heureuses travaillant sur des ordinateurs portables
© Jopwell via Pexels

À mesure que de nouvelles normes RSE voient le jour, les PME doivent rester vigilantes : elles vont désormais devoir communiquer "comme les grandes" sur leurs engagements. Pour rester dans la course, elles n’auront pas d’autre choix que de se doter de nouveaux talents.

Dès 2023, le Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) introduira dans l’Union Européenne de nouvelles réglementations en matière de reporting extra-financier. Les entreprises devront détailler leur stratégie RSE et fournir une analyse précise de leur impact sur l’environnement. La nouveauté de cette directive ? Elle s’appliquera aussi à certaines ETI et PME qui, jusqu’alors, n’étaient pas concernées. Pour Bertrand Desmier, spécialiste de l’accompagnement et du conseil en reporting extra-financier, c’est une véritable opportunité pour les PME. Mais l’expert le reconnaît : « cela demande une charge de travail supplémentaire. »

Besoin de nouveaux talents

Caroline Renoux a fondé Birdeo, un cabinet de recrutement spécialisé en RSE. D’après elle, aucun doute : les entreprises se préparent au sujet. « La preuve : c’est que d’une considération très généraliste, la RSE devient un sujet de spécialistes : les entreprises veulent un spécialiste climat, un spécialiste carbone, un spécialiste diversité… » À ce sujet, Laurent Barbezieux, cofondateur de la start-up Atkio, qui mesure l’empreinte carbone des entreprises et leur propose des solutions pour la réduire, souligne que pendant longtemps, « les fonctions RSE ont été confiées à des personnes issues du marketing, des RH et de la communication alors qu’elles concernent plutôt les ingénieurs ». « Et les financiers ! », complète Caroline Renoux.

Les équipes de Birdeo identifient ainsi de nouveaux profils dont vont devoir s’équiper les entreprises. « Les entreprises commencent à se doter de sustainability finance managers, par exemple. Ceux-ci se chargent de toute la partie reporting : ils sont en lien avec les investisseurs, qui attendent de plus en plus d’investissements ESG de la part des sociétés. Ils doivent donc maîtriser des données chiffrées », explique Caroline Renoux.

Elle identifie un autre nouveau rôle : celui de responsable climat. « Il s’agit de quelqu’un qui a la charge du bilan carbone de l’entreprise. Au-delà du CSRD, il ne faut pas oublier que les États ont établi des objectifs de réduction de gaz à effet de serre d’ici 2030. À ce titre, une grande responsabilité va peser sur les entreprises. »

En plus des fonctions « reporting », les ingénieurs vont venir gonfler les rangs des entreprises. Du traitement des déchets à l’analyse du cycle de vie des produits en passant par l’optimisation de l’efficacité énergétique, « il faut que les entreprises se mettent au diapason si elles veulent que leurs rapports RSE soient positifs », poursuit Caroline Renoux.

Comment faire lorsque l’on n’a pas les moyens ?

Problème : les entreprises font face à une pénurie de compétences. « L’urgence est perçue par de nombreux acteurs au même moment. Ils se confrontent à un manque réel de personnes formées sur le sujet », alerte Caroline Renoux. Le recrutement reste une option pour les entreprises… qui en ont les moyens, puisque la RSE est liée à des fonctions aux salaires importants. Certes, les subventions existent, mais elles ne sont pas toujours faciles à obtenir. « Les cabinets de conseil en RSE réalisent d’ailleurs une bonne partie de leur chiffre d’affaires en expliquant aux entreprises comment obtenir des subventions », admet-elle.

Côté reporting, il existe des solutions « à la carte ». « Pour les PME qui n’auraient pas la possibilité de s’aligner en termes de salaires, il est possible de faire appel à des freelances, ou de former des gens en interne. » Des offres dédiées – que propose par ailleurs Birdeo – permettent d’employer des profils « à la journée », ou en temps partagé. « Les experts viennent cadrer les enjeux avec les équipes, et les forment sur place. Reporting extra-financier, mesure de l’empreinte carbone, passage aux achats durables… C’est particulièrement bien pensé pour les PME, mais ce type d’offre séduit toute sorte d’organisation », se réjouit Caroline Renoux. Sylvain Guyoton, vice-président d’EcoVadis, note qu’il existe une grande variété d’outils gratuits qui permettent d’auto-évaluer les scores RSE des entreprises. « Cela permet de comprendre par où commencer et d’identifier les aides de l’État disponibles. »

Du côté des compétences techniques, il constate que « les fédérations professionnelles font beaucoup pour éduquer et former les entreprises de leur secteur. Elles diffusent les initiatives et les bonnes pratiques qui peuvent être dupliquées. Tout cela participe à une meilleure structuration des PME autour des enjeux RSE. »

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