Courant 2017 le prêt à impact faisait son apparition en Europe. En 2019, le marché mondial de ce nouvel outil de financement, qui vise à récompenser les entreprises engagées dans une démarche RSE en leur octroyant un taux bonifié, enregistrait une progression de 168%, atteignant 122 milliards de dollars de volume de financement. Un engouement qui se vérifie en France où, selon un récent sondage Redbridge, 40 % des grandes entreprises et ETI y ont déjà eu recours. Il est clairement trop tôt pour parler de « raz-de-marée » selon Ronan le Moal, directeur général du fonds Épopée. Mais celui-ci évoque tout de même « une tendance de fond qui ne cesse de se renforcer », et un produit « en train d’entrer dans les mœurs, tant chez les entreprises que chez leurs partenaires bancaires. »
DES IMPACTS QUI NE SONT PAS QUE FINANCIERS
« L’idée du prêt à impact consiste à ajouter des critères extra-financiers dans le contrat et d’en faire une condition d’amélioration du taux », explique Carine Bourras, directrice adjointe du développement chez Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels. Concrètement : l’entreprise qui souhaite contracter ce prêt est évaluée par un tiers de confiance – EthiFinance, une agence d’analyse et de conseil extra-financiers – sur des indicateurs variant selon son secteur d’activité et pouvant aller du nombre d’accidents du travail au respect de la parité en passant par la production de CO2. Ce rapport donne lieu à une note sur 100 qui, si elle apparaît supérieure au niveau de performance moyen de son secteur, vaut à l’entreprise une première bonification. « C’est le cas pour 80% des nouveaux clients », pointe Carine Bourras qui explique que, tout au long de l’emprunt, d’autres rapports suivront, chacun faisant l’objet d’une nouvelle notation. « Et s’il reste au-dessus de son benchmark de référence et qu’il améliore sa note d’année en année, il peut aller jusqu’à 20% d’économie sur les frais financiers. » Ceci, quel que soit son projet, seule la politique RSE déployée étant prise en compte et valorisée. De quoi, estime-t-on chez Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels, générer des avantages qui vont bien au-delà de l’impact financier.
DE PLUS EN PLUS D’ENTREPRISES CONCERNÉES
Carine Bourras, se réjouit de la dynamique : « Le marché du prêt à impact est en forte croissance, c’est indéniable. Il y a de plus en plus d’acteurs – économiques et bancaires – cherchant à s’engager dans une démarche RSE. L’offre comme la demande progressent, ce qui crée une double émulation, explique-t-elle. Et le fait que les réglementations dans ce domaine se multiplient avec les sujets de taxonomie ou de transparence, vient encore renforcer la dynamique. » Surtout depuis que le dispositif tend à se démocratiser sous l’impulsion d’acteurs tels qu’Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels qui, depuis deux ans, permet à ses clients d’en bénéficier dès 3 millions d’euros alors qu’à sa création, seules les entreprises dont l’emprunt dépassait 100 millions d’euros pouvaient y prétendre. Résultat, 94 PME, ETI, collectivités locales ou encore bailleurs sociaux ont déjà souscrit à son prêt « PACT » pour des montants variant de 3 à 10 millions d’euros. « Soit, se félicite Carine Bourras, un total de 490 millions d’euros financés. »
EN FINIR AVEC LA LOGIQUE PUNITIVE
« Les enjeux actuels de taxonomie exigent des entreprises qu’elles produisent de plus en plus d’indicateurs extra-financiers, souligne Carine Bourras. Le reporting requis dans le cadre du prêt à impact les y aide en les obligeant à démarrer un état des lieux et en leur donnant une visibilité sur leurs propres avancées. » Ronan Le Moal va plus loin. Pour lui, le prêt à impact constitue avant tout un vecteur de transformation des entreprises. « Le principe de cet outil est de favoriser la transition des entreprises en se plaçant dans une logique non plus de sanction mais de bonification progressive : cela revient à passer du punitif à l’incitatif tout en répondant à l’ensemble des problématiques ». En clair : accompagner les entreprises vers un modèle plus vertueux, leur permettre d’identifier des axes d’amélioration grâce à une série de KPIs régulièrement mesurés, le tout en réalisant des économies. « La transition est un long chemin qui nécessite de prendre les entreprises par la main, rappelle Ronan Le Moal. Cela devient possible avec le prêt à impact qui transforme les banques et fonds tels que le nôtre non plus en censeurs mais en accompagnateurs. »