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Peut-on faire de la comptabilité un levier de transition ?

Un verre rempli de pièces de monnaie avec une plante
© Visual Stories || Micheile

En opposition à la comptabilité classique qui se limite à la performance financière, plusieurs modèles alternatifs ont été pensés pour intégrer l’impact des entreprises sur l'humain et l'environnement.

Depuis plusieurs années, les appels en faveur d’entreprises plus responsables se font de plus en plus pressants – de la part des consommateurs, mais aussi des investisseurs. Le secteur de la comptabilité n’est pas épargné par la tendance. Depuis quelques années, l’idée d’une réforme des normes comptables qui intégreraient mieux l’impact social et environnemental des acteurs économiques s’impose dans le débat public.

Ce fut notamment le cas en novembre 2021 quand l’Observatoire de la RSE (Orse), le Collège des directeurs du développement durable (C3D) et l’association Orée ont publié un rapport dont l’objectif était de faire de la comptabilité « un levier de transition » en présentant les cinq méthodes alternatives les plus connues (la méthode Sema, la méthode de comptabilité universelle, le modèle Lifts, la méthode Thésaurus triple empreinte et le modèle Care).

Capital financier sacralisé

« Dans le système comptable moderne né à la fin du Moyen Âge et entériné par les normes internationales d’information financière (IRFS), seule la performance financière compte, explique Jacques Richard, expert-comptable de formation et professeur émérite à l’université Paris Dauphine. Nous avons instauré l’idée que les titres devaient systématiquement conserver le capital financier car c’est la condition pour générer du profit. » C’est là une règle classique en économie : une organisation ne peut considérer comme un résultat que les sommes qui subsistent après avoir maintenu son capital intact.

Seulement, pour Jacques Richard, ce modèle s’appuie sur une définition étriquée de la notion de capital. « En sacralisant la conservation du capital financier, on exclut les autres types de capitaux, à savoir le capital environnemental et le capital humain, tout aussi essentiels à la vie de l’entreprise », assène le chercheur.

Pour pallier ces défauts, la tendance actuelle est au développement de « rapportages extra-financiers ». En France, 3 800 entreprises dont la cote dépasse 20 millions d’euros pour le total du bilan (ou 100 millions d’euros pour les entreprises non cotées en bourse) sont concernées depuis 2017 et la transcription dans le droit national d’une directive européenne sur le sujet (2014). Elles doivent alors présenter une description des principaux risques liés à leur activité, des réponses apportées ainsi que les résultats de leurs politiques à travers des indicateurs clés de performance.

Le modèle Care

Mais pour Jacques Richard, cette politique ne fait qu’ « améliorer le modèle existant pour mieux le perpétuer. » Au contraire, une autre stratégie, dont il a été l’un des penseurs pionniers, permettrait d’opérer une véritable « révolution comptable » : le modèle Care, pour Comptabilité adaptée au renouvellement de l’environnement. « Il s’agit d’une extension de la logique de conservation du capital financier aux autres capitaux, détaille-t-il. L’entreprise sera obligée d’identifier les manières de faire du profit sans dégrader le capital naturel ou le capital humain. Cela pousse donc à des changements bien plus ambitieux en matière d’écologie et de conditions de travail. »

Surtout, avec cette méthode dite « à soutenabilité forte », les entreprises n’auraient pas un stock de capital global à conserver, scénario dans lequel une baisse du capital naturel pourrait se rattraper par une hausse du capital financier. Au contraire, les capitaux ne pourront pas communiquer entre eux et leur dégradation ne pourra alors être compensée que par une régénération. À ce jour, un tel modèle est expérimenté à l’échelle locale dans plusieurs pays. En France, un essai est conduit depuis 2018 dans 10 entreprises en région PACA. L’opération est menée par le cabinet Compta Durable et l’Institut national de l’économie circulaire (Inec) et réunit de grands groupes, tels que Carrefour, Pernod Ricard ou Auchan. Les entreprises mobilisées devraient livrer leurs premiers retours d’expérience en janvier 2022.

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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