C’est paradoxal. D’un côté 40% des Comex estiment que le cloud est un sujet qui ne les concerne pas, révèle l’étude PwC Cloud France 2023. De l’autre, les spécialistes insistent : le cloud est un sujet stratégique, et donc de leadership. Un dialogue compliqué, sur fond de souveraineté et de compétences informatiques, que certains professionnels s’efforcent de nouer.
C’est le cas de Pascal Parfait, président de Dataouest. « De nombreux patrons estiment que l’informatique, au sens large, n’est pas leur sujet. Ils pensent ne pas avoir les moyens, ni les compétences pour s’y mettre. Le résultat ? C’est qu’ils confient la totalité de leurs serveurs à un tiers », constate-t-il. Confier l’entièreté de ses données à un partenaire demande une sacrée dose de confiance… « Cela en fait même un réel sujet de souveraineté, abonde le dirigeant. C’est très stratégique ! »
Sensibiliser les leaders aux enjeux du cloud
Pour Pascal Parfait, ce n’est pas forcément une question de mauvaise volonté de la part des leaders. C’est aussi une méconnaissance du sujet, liée à un manque de sensibilisation. Il admet cependant que le Covid et la numérisation des usages qui s’en est suivie, ainsi que la plus grande couverture des cyberattaques dans les médias changent un peu la donne. « Le cloud est abordé au prisme de la cybersécurité. À nous, professionnels du secteur, de nous emparer du sujet pour prêcher la bonne parole. »
Il existe bien entendu différents cas de figure. Certains sont plus faciles à appréhender que d’autres. « Lorsque l’entreprise a une DSI en place, cela permet d’établir une démarche plus structurée. S’il n’y a pas de DSI, il faut que le dirigeant ait une appétence pour l’informatique pour que le sujet soit facilité. Enfin, dans les entreprises qui n’ont pas de DSI et dont le dirigeant n’a aucune idée du sujet, le cloud est forcément considéré comme un centre de coûts – voire d’ennuis. Et là, nous avons un vrai rôle de sensibilisation à jouer. »
Les enjeux d’un cloud local
Pour créer ce lien de confiance indispensable souligné par Pascal Parfait, Dataouest mise sur le local. « Notre métier est très particulier : nous sommes au cœur du réacteur de l’entreprise. Nous avons accès à toutes les clefs de nos clients ! » rappelle Pascal Parfait. Il lui paraît donc indispensable que la connaissance soit réciproque. C’est-à-dire que ses clients doivent aussi connaître son organisation. « La proximité est essentielle. J’ai créé un club il y a une dizaine d’années qui rassemble nos clients, au sein d’une association. Ils doivent nous connaître mais aussi se connaître. Cela permet de mieux travailler ensemble. »
Chaque collaboration est codifiée, pour renforcer ce lien. La première étape est un audit, dont la soutenance s’effectue dans les locaux de Dataouest. « Cette étape se focalise sur la partie diagnostic et préconisation, elle est très pédagogique. » L’objectif : que les dirigeants puissent poser les questions et ne soient pas noyés sous un jargon inaccessible, et créer un dialogue ouvert. Une fois le projet signé, les équipes de Dataouest rédigent un cahier technique complet. Celui-ci est mis sous enveloppe scellée lors d’un cérémonial, sous les yeux du dirigeant – toujours dans les locaux de Dataouest – avant de lui être remis en main propre. « Nous expliquons tout ce à quoi nous avons accès. C’est pour cela que les dirigeants doivent s’impliquer, comprendre les enjeux derrière la migration de leurs données dans nos data centers. »
Les leaders doivent à leur tour sensibiliser l’interne aux enjeux du cloud
Une fois que l’équipe dirigeante a compris l’intérêt et les enjeux derrière une migration, c’est à leur tour de transmettre la bonne parole à leurs équipes. « Une fois que le leadership est embarqué, il ne faut pas laisser de côté les utilisateurs du cloud en entreprise. » Le sujet peut paraître obscur, c’est pourquoi là encore, il convient de déployer les bons moyens en termes de sensibilisation. « Il y a quelques mois, nous avons organisé une conférence pour nos clients. Nous avons fait intervenir l’entreprise Avant de cliquer, qui fait un super travail en matière de sensibilisation. Cela peut prendre une forme très ludique, et changer le regard des utilisateurs. Il faut utiliser les bons leviers pour faire redescendre les informations aux collaborateurs », illustre Pascal Parfait.