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R&D : pour innover, les dirigeants doivent dépasser la « peur des premières fois »

Un homme de dos sautant dans le vide devant un paysage idyllique.
© Victor Rodriguez via Unsplash

La R&D, c’est bien… mais pour être un réel levier de compétitivité, elle ne doit pas se cantonner au stade des idées ! Pour bien s’en emparer, les leaders doivent passer à l’étape d’après : l’innovation.

Innover ou faire de la R&D : un seul et même sujet ? Pas vraiment, s’amuse Sébastien Deschaux, directeur innovation et R&D chez Dynergie, qui propose à ses clients de trouver des financements et de concrétiser leurs projets innovants. « Cela fonctionne même de façon inverse », lance-t-il, un brin provocateur. « La R&D consiste à injecter de l’argent pour fabriquer de la connaissance et des nouvelles technologies. L’innovation consiste à utiliser la connaissance et les nouvelles technologies pour fabriquer de l’argent. » Pour lui, la stratégie R&D doit être un moyen, un levier de leadership. Si elle ne se concrétise pas par un produit, un service ou une offre utile, elle ne laisse pas de trace. « Pour faire une différence, il ne faut pas simplement qu’une chose existe. Elle doit être vendue et utilisée. C’est ce qui sépare l’entrepreneur du simple inventeur. » C’est dit !

« La R&D seule ne suffit pas à se différencier de la concurrence, mais elle est une étape nécessaire » précise Léa Bonnens, docteure et responsable R&D chez Dynergie. « Il faut comprendre que sans stratégie R&D solide, une entreprise ne fonctionnera que sur ses acquis. Elle prendra le risque que ses concurrents passent à l’étape de rupture et la rendent obsolète. C’est un enjeu de survie, surtout aujourd’hui. »

Toutes les entreprises doivent-elles avoir une stratégie R&D ?

Pour savoir s’il est pertinent pour un dirigeant d’investir en R&D, il suffit de se poser une simple question. « Est-il possible de faire mieux mon métier ? » Dans la majorité des cas, la réponse est oui. « C’est parce que toutes les entreprises, de tous les secteurs et de toutes les tailles, évoluent dans un écosystème en mouvement », explique Sébastien Deschaux. Dès lors, la R&D doit être un sujet de préoccupation stratégique. Avant de se lancer, la première chose est de trouver une idée. La seconde est d’en évaluer la performance. La troisième, enfin, est de la financer.

La France, « paradis fiscal pour la R&D »

Cette troisième étape peut paraître bloquante. Investir dans une stratégie de R&D, sur le long terme, cela peut refroidir plus d’un décideur – surtout en temps de crise. Un point que Léa Bunnens tient à démystifier. « Il existe, en France, de nombreux montages financiers qui soutiennent la R&D », assure celle dont l’embauche a été permise en partie par le crédit impôt recherche jeune docteur. En ce qui concerne les phases de test sur le marché, « la BPI soutient la majorité des initiatives », poursuit Sébastien Deschaux, qui qualifie la France de « paradis fiscal pour la R&D ». « L’argent n’est pas vraiment un sujet : le vrai problème est culturel », insiste Léa Bunnens.

L’innovation, « la douloureuse science des premières fois »

Le premier frein à lever pour les dirigeants qui souhaitent innover, c’est d’accepter que ce soit compliqué. Pas d’un point de vue technique, ni business. « Ce qui est difficile, c’est qu’il n’y a pas d’historique. Innover, c’est par définition faire quelque chose que l’on n’a jamais fait auparavant. Or, les premières fois sont souvent douloureuses. Ça vaut à l’échelle de l’être humain, mais aussi à celle de l’entreprise. C’est cela qui peut bloquer les patrons », explique Sébastien Deschaux.

De fait, les chiffres sont éloquents. « Dans l’industrie, il faut environ 3 000 idées pour sortir un seul succès », admet-il. C’est aussi ce qui justifie de confier sa stratégie de R&D à un partenaire. « Nos clients sont experts de leur métier, nous sommes experts en premières fois. Collaborer avec nous leur permet d’éviter cette zone de stress et d’incertitude. »

Besoin de créer un dialogue

Pour inciter un dirigeant à se lancer, plusieurs solutions. La première, c’est de le convaincre qu’il va gagner plus d’argent qu’il n’en investira. « C’est son rôle : il doit faire grandir son entreprise, la faire prospérer », rappelle Sébastien Deschaux. Il ajoute que c’est toujours du patron que doit venir l’initiative. « Il a une vue business du sujet, indispensable à tout projet d’innovation. »

De son côté, Léa Bunnens reconnaît le nécessaire combat à mener pour que les chercheurs et les entreprises apprennent à dialoguer. « Certaines entreprises, surtout les plus grosses, comprennent l’intérêt d’intégrer à leurs équipes des personnes qui sont dans un état d’esprit de recherche. Mais force est de constater qu’en général, la communication entre cet univers académique et celui des entreprises n’est pas très bonne. » Elle invoque plusieurs raisons. La première, c’est que le monde académique est perçu, « parfois à raison », comme élitiste. La seconde, c’est que les entreprises estiment ne pas avoir le temps de se consacrer à des sujets jugés trop théoriques. « Il y a énormément de thésards ou de jeunes docteurs qui ne demandent qu’à côtoyer les entreprises pour les aider à résoudre des problèmes concrets. Mais les occasions ne se présentent pas suffisamment. Je n’ai qu’un seul conseil à donner aux dirigeants d’entreprise : allez parler aux laboratoires de recherche ou aux universités de votre ville ! Organisez un déjeuner avec des chercheurs : vous aurez plein de choses à apprendre les uns des autres », conclut-elle.

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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1 Commentaire
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Remi
il y a 1 année

Comment comprenez vous le D de R&D?
Avant R&D signifiait Recherche et Développement. L’idée d’innovation était inclus dans le terme développement. Aujourd’hui, on parlera de R&I.
Je crois que vous passer à côté de ces notions.
Le monde académique a aussi su se réformer. Il propose de mettre en œuvre ses avancées scientifiques grâce aux entreprises de ses parcs scientifiques (parc de la douai à Lyon ou Euromédecine à Montpellier par exemple).
Je ne suis pas sûr que votre vision de l’université soit actuelle.
Votre article à 20 ans de retard.

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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