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Benjamin Fremaux (Institut Montaigne) : « La France a tout intérêt à aider ses leaders économiques à se décarboner »

Benjamin Fremaux
© DR

Entre un soutien à court terme et des investissements nécessaires à long terme, il faut parfois choisir. Et la France ne fait pas toujours le bon choix, estime Benjamin Fremaux, responsable Énergie et Climat de l'Institut Montaigne.

Les entreprises de taille intermédiaire subissent de plein fouet la crise énergétique, après avoir encaissé la contraction de l’économie internationale au moment de la pandémie. Alors que les TPE-PME bénéficient d’une batterie d’aides de la part du gouvernement, le Mouvement des ETI (Meti) qui représente leurs intérêts tire le signal d’alarme : sans mobilisation politique, 1 ETI sur 4 se trouvera d’ici peu en grande difficulté. Benjamin Fremaux, responsable Énergie et Climat au sein de l’Institut Montaigne, regrette que la situation soit plus propice aux filets de sécurité déployés pour aider à court terme les entreprises et éviter des défaillances à la chaîne plutôt qu’à des investissements de long terme, pourtant nécessaires pour réduire l’exposition des ETI aux chocs économiques.

Les ETI françaises sont-elles les parents pauvres des aides de l’État face à la crise énergétique ?

Benjamin Fremaux : La France a fait des efforts très importants pour protéger ses ménages, qui génèrent la demande nécessaire à la production des entreprises, mais aussi ses entreprises. Le bouclier tarifaire a permis de limiter la hausse des prix. Il est donc un peu rapide de dire que l’État n’a rien fait pour elles. Mais il est vrai que la situation des entreprises et particulièrement des ETI varie selon leur structure de coûts. Celles qui voient le poste énergétique augmenter dans leur valeur ajoutée voient leur marge et donc leur modèle économique affecté. Leur situation dépend donc de leur marge de manœuvre sur le plan concurrentiel mais aussi de leur exposition géographique.

Pour celles qui disposent de filiales à l’étranger, est-ce que la tentation n’est pas grande, justement, de délocaliser leur production dans un pays où le choc énergétique est moindre ?

B.F. : Cela dépend de quoi l’on parle. Il y a un sujet de court terme, lié au bouclier tarifaire, qui revient à se demander quel pays protège le mieux ses entreprises. On peut penser à l’Allemagne, qui a mobilisé des sommes considérables pour limiter le choc pour son industrie. Mais aussi à la France et à ses aides. Dans ce contexte, c’est plutôt l’attentisme qui va primer, face à la décision d’investir parfois plusieurs dizaines de millions d’euros pour construire une usine dans tel ou tel pays.

Vous sous-entendez que la France pourrait surtout être perdante à long terme…

B.F. : On le voit avec les avantages comparatifs que les États-Unis génèrent dans cette crise. Demain, le gaz de schiste américain sera plus compétitif que le gaz européen. Et cela n’est pas lié à la capacité des États à protéger leurs entreprises mais bien à une stratégie de long terme concernant leurs approvisionnements énergétiques. Les énergies fossiles sont ironiquement très peu chères aux États-Unis, ce qui crée des différentiels de compétitivité très importants.

Comment la France peut-elle faire pour soutenir durablement ses ETI ?

B.F. : Il faut rééquilibrer les efforts entre court terme et long terme. Les ETI ont raison d’alerter sur leurs problèmes mais plutôt que de se comparer aux TPE-PME, qui ne connaissent pas les mêmes situations, elles devraient demander beaucoup plus d’aides à l’investissement pour changer leur mix énergétique. La France a tout intérêt à aider ces leaders économiques à se décarboner pour se passer de gaz russe, pas juste pour qu’ils puissent passer l’hiver. Mais aujourd’hui, les fonds dédiés à la décarbonation des entreprises ont trop peu de moyens, alors que c’est cela qui les fera progresser de manière pérenne.

Biographie

Benjamin Fremaux est responsable Énergie et Climat de l’Institut Montaigne. Il est aussi président du groupe Idex après avoir été directeur exécutif de Messiers Maris & Associés. Spécialisé dans le conseil en fusions et acquisitions dans les secteurs de l’industrie, de l’énergie et des infrastructures, Benjamin Fremaux a auparavant travaillé au ministère de l’Économie et des Finances ainsi que chez Areva.

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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