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Charles Beigbeder (Audacia) : « Mais comment peut-on investir autant dans les crypto-choses ? »

Portrait de Charles Beigbeder
© Charles Beigbeder

Comment choisir les secteurs d’investissements ? Pour Charles Beigbeder, fondateur d’Audacia, il s'agit avant tout de repérer les secteurs encore peu adressés par les autres fonds. En excluant les domaines qui le rebutent, comme les cryptoactifs.

Opération réussie pour Audacia, la société de gestion fondée par Charles Beigbeder. Son entrée en bourse, le 15 octobre, vient de lui apporter une augmentation de capital de 7,4 millions d’euros, pour une cible initiale entre 6 et 8. Une « opération modeste », de l’aveu-même de son principal actionnaire, mais qui pose un important jalon vers l’objectif de 2025. Audacia espère gérer un milliard d’euros d’actifs – pour 390 millions d’euros en 2021 – répartis dans ses trois piliers d’investissement : la croissance d’entreprises diverses, l’immobilier, et l’innovation de rupture. 

Quelles sont les prochaines étapes après cette introduction en bourse ?

Charles Beigbeder : Nous allons lancer trois nouveaux fonds, au moins. Un en croissance et deux en rupture, dont un dans le spatial, appelé Geodesic. Pour ce dernier, avant même le premier closing – qui devrait avoir lieu dans 6 à 8 mois – nous avons déjà réalisé un premier investissement et un second se trouve en cours de finalisation. Tout cela, sans compter notre prochain fonds dans le quantique, Quantonation 2, dont le lancement aura lieu l’année prochaine. Dans nos structures d’investissement, on associe à la fois des particuliers et des institutionnels. 2 500 petits porteurs ont souscrit à notre introduction en bourse, dont des entrepreneurs, un gage de crédibilité. Et depuis nos débuts, nous avons convaincu 15 000 particuliers. Cela nous stimule ! 

Comment se déroule l’investissement dans une entreprise ?

C. B. : Nous n’avons pas de méthode bien définie. Nous regardons surtout si la selling proposition diffère du reste du marché. Nous avons mis en place un comité d’investissement pour chaque fonds, et heureusement, je ne décide pas seul. Nous bombardons les dirigeants de questions. Si j’ai un bon feeling, mais pas les autres, on n’y va pas. L’aspect humain compte beaucoup. Nous investissons la plupart du temps en minoritaire, en intégrant le conseil d’administration. Nous conseillons sans donner d’ordres, surtout à une entreprise qui connaît très bien son métier. Nous pouvons faire des mises en contact. Par exemple : Kusmi Tea et Fermob [une entreprise de meubles de jardin design, NDLR] voulaient ouvrir un bureau à New York. On les a présentés et ils se sont donné des conseils mutuels.

Le quantique, le coliving, le spatial… Pourquoi investir dans ces secteurs ?

C. B. : Nous fonctionnons toujours de la même manière. Nous identifions des verticales où il se passe des choses : des nouvelles règles, une nouvelle révolution technologique… Bref, un bouleversement. Ensuite, nous identifions les déficits d’offres de fonds. S’il y a déjà trop de monde, on ne rentre pas. Pour le quantique, je me suis lancé avec seulement deux associés, Christophe Jurczak, docteur en physique quantique, et Olivier Tonneau. Et aujourd’hui, Quantonation possède 15 participations et se pose comme un des fonds les plus importants du domaine. Sur le coliving, il y a une forte demande et un déficit d’offres en France : de plus en plus de gens veulent vivre dans ces « colocs bien organisées ». Et comme souvent, l’exemple vient des États-Unis.

Certains secteurs ou innovations vous rebutent-ils ?

C. B. : Oui. Par exemple, tout ce qui est cryptomonnaies. Ou plutôt « crypto-choses ». Je ne comprends pas comment on peut investir autant là-dedans. Dans l’hydrogène, on n’investit pas non plus. Il n’y a pas de gisement donc il faut le produire et le processus génère énormément de CO2… D’autres innovations, comme celles qui touchent au vivant, m’effraient un peu… Par exemple, des scientifiques chinois ont déjà effectué une modification de génome de fœtus, avec la technique CRISPR-Cas9, pour les rendre résistants au sida. De fait, ils ont créé des individus membres d’une nouvelle espèce humaine, car ils n’ont pas le même génome… 

L’innovation peut-elle régler tous les problèmes ?

C. B. : Nous sommes vraiment une espèce à part. Où qu’on aille, on salit, on pollue, y compris dans l’espace. Mais ce n’est pas désespérant. Au contraire, cela stimule la création et l’entrepreneuriat. On peut, on doit, imaginer des solutions pour rendre la croissance responsable et durable, pour viser le zéro carbone en 2050. Par exemple, la demande d’électricité va augmenter. Il faut donc de nouvelles sources, comme la fusion nucléaire, ou la fission qui utilise le thorium comme combustible. En 2022, nous allons d’ailleurs lancer Isospin, un fonds sur le nucléaire de nouvelle génération. Mais la décroissance n’est pas une option. La croissance est inhérente à notre ADN, depuis des millions d’années. Croire que l’homme va changer sa nature-même est trop risqué.

Biographie

Diplômé de Centrale Paris, ancien banquier d’affaires dans les années 1990, Charles Beigbeder est actuellement président-fondateur de Gravitation – qui possède 80,21 % d’Audacia. Il a successivement fondé puis revendu Selftrade, une plateforme de courtage en ligne, et Poweo, premier fournisseur indépendant d’électricité et de gaz après la dérégulation du marché.

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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