L’année 2021 est riche en actualités pour les start-up françaises de la cybersécurité. Deux initiatives devraient donner un sacré coup d’accélérateur au secteur : le lancement du fonds Cyber Impact, spécialisé dans l’amorçage des jeunes pousses, qui a déjà réuni 10 millions d’euros, ainsi que la clôture d’un fonds de 175 millions d’euros lancé à l’initiative d’Ace Capital Partners, filiale du groupe de gestion d’actifs Tikehau Capital, dont 50 millions ont déjà été attribués à neuf start-up européennes, dont certaines sont françaises.
Plusieurs niveaux de réticence
« Ce n’est pas un secret : la pandémie de Covid-19 et la digitalisation qu’elle a entraînée ont rendu les systèmes informatiques plus vulnérables », rappelle Jean-Noël de Galzain, qui fait partie des co-fondateurs de Cyber Impact. « Près de 92% des données des Européens sont hébergées aux États-Unis. Il faut désormais reprendre notre destin en main, recréer des territoires numériques ici » explique celui qui préside également l’association Hexatrust, qui rassemble des entreprises souhaitant promouvoir un Cloud de confiance et une « excellence cyber ».
Malgré ces ambitions, il n’est pas évident de faire face à la concurrence internationale. « Ces deux initiatives permettent de rattraper un peu ce qui se fait dans d’autres pays en Europe, notamment au Royaume-Uni. Et c’est une bonne chose ! Cela résout une partie du problème. Mais une partie seulement » tempère Gérôme Billois, partner cybersécurité chez Wavestone. Pour expliquer ce retard français, le consultant relève plusieurs « niveaux de réticence » des investisseurs. La complexité des thématiques peut effrayer un investisseur non-aguerri. En outre, le caractère sensible – et parfois régalien – des solutions ainsi que des phases de recherche et développement relativement longues font craindre des « exits » difficiles. Autant de raisons qui expliquent que les 150 start-up cyber made in France ont obtenu 100 millions d’euros entre juin 2020 et juin 2021… contre 7 milliards de dollars (un peu plus de 6 milliards d’euros) de financements pour leurs concurrentes américaines.
Soutien du gouvernement
Du côté du gouvernement, on impulse aussi une dynamique nouvelle. L’augmentation considérable des cyberattaques l’année dernière – l’Anssi a recensé 192 ransomwares en 2020 pour 54 en 2019, soit une augmentation de 255% – a mené à une véritable « prise de conscience au niveau gouvernemental », se réjouit Gérôme Billois. En février, Emmanuel Macron annonçait ainsi un plan cybersécurité d’un milliard d’euros, dont 720 millions de financements publics. Ce plan se concrétisera notamment par l’ouverture d’un Cybercampus de 26 000 mètres carrés dans le quartier de la Défense. Il accueillera plus de 1 000 salariés et devrait ouvrir mi-janvier 2022.
Parmi les autres objectifs du plan figurent la multiplication par trois du chiffre d’affaires de la filière, pour atteindre 25 milliards d’euros à horizon 2025, ainsi que le doublement des emplois du secteur, pour atteindre 75 000 salariés. Enfin, il devrait permettre la naissance d’au moins trois licornes françaises spécialisées en cybersécurité.