« Protéger nos entreprises quoi qu’il en coûte », promettait Emmanuel Macron le 12 mars 2020 alors que la France s’apprêtait à vivre son premier confinement. Plus d’un an et demi après ces déclarations, l’heure est au bilan.
Plus de 300 milliards
Le «
quoi qu’il en coûte » va évidemment peser lourd. Les seules
aides aux entreprises (prêts et subventions) sont estimées à 240 milliards d’euros. Il convient d’ajouter à cette somme les
35 milliards du fonds de solidarité. On peut ajouter
les coûts du Ségur de la santé, dont l’objectif était d’améliorer le quotidien des professionnels de santé et des patients. Les différentes mesures prises s’élèvent à 1,5 milliard d’euros en 2020, 8,2 milliards en 2021, et pourraient coûter 2,1 milliards supplémentaires en 2022 – soit un total de 11,8 milliards d’euros. Il faut aussi prendre en compte le plan « 1 jeune, 1 solution », qui offre une aide à l’embauche des jeunes – compensation de charges, aides pour les contrats signés entre juillet 2020 et décembre 2021 – à hauteur de
6,5 milliards d’euros, et qui
devrait être prolongé jusqu’au 30 juin 2022. La crise a aussi été l’occasion pour le gouvernement de
baisser certains impôts, notamment les impôts de production à hauteur de
10 milliards d’euros. Au total, le « quoi qu’il en coûte » s’élèverait donc aux alentours de 300 milliards pour la sphère économique et sociale.
Certaines aides maintenues
De plus, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a peut-être sonné la
fin officielle du « quoi qu’il en coûte » devant les patrons le 25 août dernier, mais certaines entreprises continueront à être soutenues financièrement par l’État. C’est le cas pour celles des secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration, de l’événementiel et de la culture, soit 5% des entreprises françaises.
Un déficit à 7%
Avant la crise du Covid, la France fonctionnait avec un déficit public de 2%. Ce déficit s’est considérablement accru depuis le premier confinement.
Il devrait atteindre les 9% cette année. Ces 7 points d’excès de déficit public devront être réduits pour 2023. Car ce sera l’année de la réduction des
rachats de dettes par la Banque centrale européenne et le retour des règles européennes d’équilibres budgétaires. De quoi alarmer les économistes de Natixis :
sur Twitter, Patrick Artus s’interroge même sur le bien-fondé de déverser « tout cet argent public sur l’économie ».
Un peu de perspective…
Mais avant de s’alarmer, il convient de mettre les chiffres en perspective. Le « quoi qu’il en coût » fait directement référence au « whatever it takes » de Mario Draghi, ancien gouverneur de la Banque centrale européenne, brandi lors de la crise de l’euro en 2012. À titre de comparaison, à l’issue de celle-ci, le taux de chômage était de 10% – tandis qu’il plafonnait à 8% fin 2020, au plus bas depuis 2008. Enfin,
d’après un rapport de France Stratégie comparant les différentes mesures prises par les grands pays européens, la France aurait tenu une « position intermédiaire ». Les montants investis sont difficiles à comparer – ils dépendent du contexte économique et des régimes fiscaux propres à chaque pays -, mais si l’on considère uniquement les chiffres, l’Italie se place en tête des pays européens qui ont annoncé les aides aux entreprises les plus élevées. Au total, ce sont 405,6 milliards d’euros qui ont été débloqués, soit 22,7% du PIB italien en 2019. En deuxième position arrive l’Espagne (13,8% de son PIB), puis les Pays-Bas et le Royaume-Uni (13% du PIB environ). En comparaison, le montant des aides accordées par la France aux entreprises correspondait à 9,5% du PIB. C’est un peu plus que l’Allemagne (8,3%).