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Le capital-investissement, pas assez rentable pour les banques ?

Une personne en train de faire des calculs sur une calculatrice
© RODNAE Productions via Pexels

Goldman Sachs a engrangé 3,7 milliards de dollars de revenus tirés de son activité de private equity. Pourtant, elle cherche à réduire ce portefeuille d'actifs de 20%, car il ne serait pas suffisamment… rentable.

Mais quelle mouche a piqué Goldman Sachs ? La banque américaine, qui a publié ses résultats du second trimestre, a engrangé 3,7 milliards de dollars de revenus tirés de son activité de private equity – un record -, en hausse de 300% sur un an. Pourtant, elle cherche à réduire ce portefeuille d’actifs de 20%. Il ne serait pas suffisamment… rentable. Car le capital-investissement, risqué par nature, coûte cher : les règles prudentielles imposent aux opérateurs financiers d’avoir d’important fonds propres. Ce sacrifice est en partie dicté par la régulation bancaire

Des directives contraignantes

À la suite de la crise des subprimes de 2008, des régulations ont été adoptées pour renforcer la solidité des banques face aux risques « systémiques », susceptibles de provoquer des réactions en chaîne dans le système financier. Aux États-Unis, la loi Dodd-Frank, adoptée en 2010, et la « règle Volcker« , entrée en vigueur en 2015, imposent notamment aux plus grandes banques une surcharge en fonds propres, et limitent leurs investissements en capital-risque et dans les hedge funds. Mathématiquement, plus de capital au passif pour couvrir les actifs risqués diminue la rentabilité des capitaux propres. 
Avec l’arrivée de Donald Trump qui souhaitait déréguler, Goldman Sachs avait obtenu en 2017 de différer la cession de plus de 6 milliards de dollars d’actifs logés dans ce type de fonds. La règle Volcker avait par ailleurs été révisée en juin 2020, sous l’impulsion de l’ancien locataire de la Maison Blanche, pour permettre de nouveau aux banques de réaliser plus facilement des investissements en capital-risque. Une réforme qu’a bien l’intention d’effacer Joe Biden. Goldman Sachs, restée très investie dans le private equity, n’a plus d’autre choix que de se conformer aux directives, à l’approche de la fin du mandat des dirigeants de la Fed.

En Europe, ce sont les accords de Bâle III, conclus en 2010, qui vont transformer le secteur en renforçant les exigences prudentielles. Concrètement, les banques vont devoir mettre en face de leurs actifs risqués davantage de fonds propres, de meilleure qualité, et détenir davantage de liquidités. Alors que cette réglementation devait entrer en vigueur progressivement à partir de 2022, son application a été repoussée à 2023, en raison de la crise du Covid, pour permettre aux banques de se consacrer au soutien des entreprises.

Des effets « mortels »

Bâle III pourrait se traduire, selon une estimation de 2019 de l’Autorité bancaire européenne, par une augmentation moyenne de 24% des exigences en capital pour les banques, soit 135 milliards d’euros. En conséquence, les banques craignent un impact sur le financement de l’économie. « L’effet de Bâle III, c’est 70 milliards d’euros de fonds propres supplémentaires à mobiliser pour les banques françaises. C’est l’équivalent de 100 milliards d’euros d’encours de crédits, qui ne pourront pas être produits », a averti en mai dernier Philippe Brassac, DG de Crédit Agricole et alors président de la FBF. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a balayé ces critiques devant la commission des finances de l’Assemblée nationale, reconnaissant toutefois une hausse de 12 à 17% des fonds propres pour les banques françaises. Le calendrier sera tenu. 

Mais les craintes concernent également le capital-investissement. En 2012, France Invest s’inquiétait déjà des effets « mortels » de Bâle III, rappelant que les banquiers et les assureurs (déjà soumis à la réglementation Solvabilité II, l’équivalent dans le secteur de l’assurance) « représentaient près de 50% des ressources des fonds de capital-investissement français jusqu’à 2008 », et n’en représentaient plus que 25% en 2012. L’exemple de l’assurance vie, qui se tourne progressivement vers l’investissement de l’épargne en private equity via les unités de compte, peut constituer un facteur d’optimisme. 

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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