Symptôme d’un monde du travail particulièrement rude ou d’une tendance tire au flanc des salariés ? L’absentéisme a explosé ces dernières années, constate le baromètre annuel sur le sujet réalisé par Ayming et AG2R La Mondiale. « Depuis 2011, le nombre moyen de jours d’absence par an et par salarié a augmenté de 75%, passant de 14 à 24,5 jours », note l’étude. Cela représentait, en 2022, un taux d’absentéisme global de 6,7%, soit « l’équivalent de 7 temps pleins pour une entreprise de 100 collaborateurs ». Un niveau quasi équivalent à celui du chômage (un peu plus de 7%), qui suscite l’inquiétude des entreprises.
Seule consolation pour elles, les arrêts sont souvent de courte durée. Mais ils sont plus fréquents. Ainsi, près d’1 salarié sur 2 (47%) s’est déclaré absent « au moins une fois » l’an dernier, contre seulement 37% en 2021. Ces absences recouvrent aussi bien les congés maladie (du salarié ou d’un de ses enfants), les congés pour événement familial ou les absences injustifiées – parfois préalables à un abandon de poste.
Un lourd tribut à payer
Un véritable fléau pour les entreprises qui peinent à recruter en raison d’un marché de l’emploi en proie aux pénuries. Car l’absentéisme leur coûte cher. Le cabinet de conseil en qualité de vie au travail Previa avait ainsi estimé à 3500 euros par salarié la charge annuelle de l’absentéisme dans les comptes des entreprises. Cela inclut des coûts directs (prise en charge du délai de carence, maintien du salaire) et indirects (gestion ou remplacement de l’absence, perte de productivité…).
Mais pas de fatalisme. Les entreprises peuvent déployer plusieurs dispositifs destinés à limiter l’absentéisme. D’abord par le biais de campagnes de prévention couvrant les risques médicaux les plus évidents par rapport à son secteur d’activité. Elle peut également faciliter l’accès aux soins, via des partenariats avec des acteurs de la santé (plateforme de téléconsultation, mutuelle complémentaire…). Enfin, elle peut aussi investir dans l’engagement des salariés, en veillant à ce qu’ils soient intégrés au collectif. Une manière de limiter les risques liés à leur santé mentale, notamment.