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Stéphanie Hospital (OneRagTime) : « Les investisseurs vont se rappeler que les modèles spéculatifs sont très dangereux »

Stéphanie Hospital, fondatrice du fonds OneRagtime
© DR / Stéphanie Hospital, fondatrice du fonds OneRagtime

Alors que les valorisations de certaines entreprises tech subissent d’importantes décotes, les investisseurs se tournent vers les projets à impact et se montrent plus exigeants sur les indicateurs de performance financière.

L’âge d’or de l’investissement est-il révolu ? Les fonds préfèrent parier sur la résilience des entreprises, mises à rude épreuve par la crise économique et géopolitique, venue s’ajouter à la crise sanitaire. Pour 2023, les projets socialement et écologiquement vertueux devraient gagner en visibilité, portés par de bonnes performances financières et l’intérêt des investisseurs spécialisés comme généralistes, échaudés par les turbulences des sociétés technologiques. Stéphanie Hospital, fondatrice et PDG de OneRagTime analyse les défis et opportunités que cette période tourmentée présente pour les investisseurs. Interview.

Des tours de table toujours nombreux mais des valorisations en berne : quel bilan tirez-vous de cette année 2022 ?

Stéphanie Hospital : Personne n’aurait prédit l’an dernier qu’un tel coup de froid allait survenir, lié à une guerre sur le territoire européen. C’est ce qui va caractériser les années qui viennent : beaucoup d’imprévisibilité, des événements macro économiques et géopolitiques qu’on n’arrive pas à anticiper parce qu’ils sont inconcevables. 2022 a aussi été une année record en termes de levées de fonds, ce qui n’a pas été le cas partout – on a constaté une baisse de 20% en Europe. Cela atteste des fondamentaux solides que l’on a réussi à bâtir en France en quelques années seulement.

Qu’est-ce-que cela signifie pour les entreprises ?

S.H. : Les entrepreneurs doivent s’attendre à l’imprévisible et donc avoir de la marge, garder des réserves de trésorerie pour faire face. Certains ont oublié que l’hypercroissance fait prendre des « hyper risques », et que quand la viabilité financière de l’entreprise n’est pas assurée par un autre moyen que des financements de tiers, c’est forcément plus compliqué. Nous entrons dans une zone de turbulences dont nous ne savons pas quel sera l’horizon de sortie.

Ce contexte compliqué impose-t-il aux investisseurs de changer de stratégie ?

S.H. : À certains investisseurs, probablement, parce qu’ils redécouvrent les basiques de l’investissement. La période a quelques vertus. Ils vont arrêter de penser que les arbres monteront au ciel, se rappeler qu’une entreprise s’évalue sur un multiple d’Ebitda et que les modèles spéculatifs sont très dangereux. Certains cherchent des coups financiers mais la caractéristique de la décennie, c’est l’exagération des effets de bord. Il n’y a qu’à regarder FTX : c’est l’entreprise la plus fortement valorisée et le plus rapidement. Un mois après, on découvre que c’est la fraude la plus gigantesque qu’on n’ait jamais eue ! OneRagTime a toujours appliqué une approche raisonnée : nous essayons de concilier hypercroissance et rentabilité, parce que nous pensons que ce n’est pas antinomique.

N’est-ce pas le meilleur moment pour focaliser l’attention des investisseurs vers des entreprises socialement vertueuses ?

S.H. : OneRagTime s’est toujours penché sur des projets et services qui ont un impact sur la vie réelle, qui rendent la vie de tous les jours plus belle. Nos entreprises créent de l’emploi, font du chiffre d’affaires. Il existe une valeur intrinsèque dans ce dans quoi on investit et cette notion va devenir fondamentale.

Quels secteurs faudra t-il surveiller l’an prochain ?

S.H. : Nous portons une attention particulière aux sujets qui permettent d’améliorer le pouvoir d’achat et aux innovations autour du climat, de la nature et de la biodiversité qui demandent des modèles d’investissement plus longs. L’idéal est aussi d’être à contre-courant : comme la conjecture est un peu plus difficile aujourd’hui pour les Fintechs et Assurtechs, il faudra peut-être aussi les regarder. La cybersécurité va être critique également parce que la guerre et la fraude se passent sur les réseaux. Là encore, FTX est un cas emblématique, avec une méga fraude doublée d’une cyberattaque. De manière plus générale, il faut s’intéresser à des projets qui peuvent devenir des vraies sociétés plutôt que de simples innovations technologiques. Il faut étudier des modèles business qui s’appuient sur des fondamentaux économiques tout en continuant à financer des innovations de rupture au service du bien commun. C’est là où la finance peut avoir le plus d’impact.

Biographie

Stéphanie Hospital a débuté sa carrière au sein du cabinet Arthur Andersen en tant que consultante business avant de gravir les échelons chez Orange durant 12 ans, jusqu’à devenir vice-présidente d’Orange Digital. Business angel hyperactive, elle a fondé en 2016 le fonds OneRagTime et fait partie du conseil d’administration de l’association France Digitale depuis 2019.

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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