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Les start-up industrielles ont grand besoin d’investissements… et d’écosystèmes dédiés

Trois jeunes hommes dans une usine
© Tiger Lily via Pexels

Investir dans une start-up industrielle, c’est accepter de financer des projets qui aboutissent sur un temps très long. Malgré ce frein, les fonds sont des acteurs nécessaires au déploiement de ces jeunes pousses. Mais ils ne sont pas les seuls à devoir s’impliquer.

Comme dans de nombreux autres secteurs, la pandémie a complètement changé la façon dont nous pensions l’industrie. Les ruptures d’approvisionnement et les pénuries en cascade ont braqué les projecteurs sur un nouveau type d’acteurs : les start-up industrielles. En France, elles sont 1 500 – soit 12% des start-up du territoire. Tandis que certaines ont rejoint les rangs du Next40, la majorité peine à trouver des capitaux pour passer à la phase d’industrialisation, d’après un rapport mené par l’Inspection générale des finances et le Conseil général de l’économie, remis en septembre 2021 à la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher.

Des besoins particuliers

Le premier frein à l’investissement dans les start-up industrielles, c’est le temps. « Elles montent des projets avec des horizons très longs, ce qui s’inscrit par nature en contradiction avec la perspective d’investissement des fonds en capital-risque, qui se situe plutôt entre 5 et 10 ans« , note Caroline Granier. Cette docteure en sciences économiques et cheffe de projet à La Fabrique de l’industrie explique qu’il faut donc du « capital patient », pour mener à bien ces projets. « Dans le domaine de l’intelligence artificielle, par exemple, la mise au point d’une technologie peut prendre une dizaine d’années. Et même alors, nous sommes encore loin de son intégration dans un produit ou procédé industriel. » Jérôme Faul, directeur du fonds d’investissement Innovacom, rappelle aussi que la construction d’usines est extrêmement longue – « entre 12 et 18 mois pour un seul bâtiment », précise celui qui compte 15 start-up industrielles parmi son portefeuille.

L’autre frein identifié ? « Les compétences des fonds. » Le secteur est tel qu’il nécessite des compétences internes très particulières : « détecter les technologies qui apporteront le rendement espéré ne peut se faire sans une compréhension fine du secteur, des marchés. Ce n’est pas une question d’algorithme ou de technique, insiste Caorline Granier. Ces fonds doivent donc recruter des profils issus de l’industrie. » Or, dès 2018, le cabinet Korn Ferry alertait sur la pénurie de profils qualifiés dans l’industrie, et prédisait au niveau international un manque de près de 8 millions de profils cadres ou managers – qui seraient les plus à même de conseiller ou rejoindre les fonds.

Alors, les start-up industrielles doivent-elles se tourner vers d’autres acteurs ? « On pourrait imaginer que les corporate ventures capitalists (CVC), qui sont à l’initiative des grands groupes industriels, proposent une solution plus adaptée aux start-up industrielles. Mais comme le souligne le baromètre Deloitte, ces structures sont encore trop peu nombreuses en France. Et surtout, elles préfèrent financer les start-up qui viennent de l’étranger, explique Caroline Granier. Leur intérêt, c’est de développer de nouveaux marchés ou d’acquérir de nouvelles compétences. »

Un fonctionnement à part

C’est pourquoi les freins ne doivent pas décourager les fonds. « Une fois la production lancée, la barrière à l’entrée est très élevée pour les concurrents. La croissance de l’entreprise est donc garantie pendant longtemps », promet Jérôme Faul. Celui-ci avoue devoir « ruser » pour y trouver son intérêt. « Nous ne fixons pas de chiffre d’affaires défini : nous n’associons pas la performance aux taux de rentabilité, mais mesurons un taux de croissance, d’année en année. »

De son côté, Caroline Granier milite pour le développement d’un écosystème qui rassemblerait start-up, grands groupes industriels, centres de formation et de recherche, acteurs publics et financeurs. « C’est nécessaire pour accompagner le développement des start-up industrielles, martèle-t-elle. Les besoins des industriels en termes de foncier, d’accompagnement en ingénierie administrative et financière ou de simplification administrative sont des enjeux qu’une organisation en écosystème permet de considérer et de faire avancer. » Sans doter d’un visage figé un tel écosystème, elle insiste sur le besoin de cohésion et d’horizon commun entre les acteurs d’un territoire pour qu’il aboutisse. « La vraie condition pour que l’écosystème fonctionne, c’est de réussir à créer un projet de territoire. La start-up dynamisera le territoire, les financeurs la feront grandir, les institutions la soutiendront, les élus inciteront la formation… »

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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