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Thierry Valot (Alliance Industrie du Futur) : « La crise du Covid a mis en lumière la fragilité d’une économie désindustrialisée »

Thierry Valot
© Thierry Valot - Groupe FIVES

Mais la pandémie a aussi incité l'industrie française à avancer plus vite vers une industrie 5.0 humaine et durable. Un atout de poids pour regagner sa place dans le monde.

Thierry Valot est directeur innovation et digital du Groupe FIVES et co-pilote de l’Alliance Industrie du Futur. Cet organisme a pour ambition de renforcer l’impact du Plan France Relance sur le tissu industriel français et de fédérer une communauté autour des enjeux de transformation de l’industrie. Il décerne le label Vitrine Industrie du Futur, qui récompense les meilleures initiatives du secteur, et est le témoin des grandes évolutions du secteur.

Pouvez-vous présenter le label Vitrine Industrie du Futur ? 

Thierry Valot : L’Alliance Industrie du Futur a pour ambition d’aider à la transformation digitale du tissu industriel, en particulier des PME et des ETI. À cette fin, elle a mis en place un processus d’audit et de labellisation des entreprises qui ont réussi cette transformation. La particularité de ce label gratuit est qu’il ne récompense pas les produits de l’entreprise, mais les initiatives qu’elle a mises en place pour répondre à ses enjeux de compétitivité, de flexibilité, d’attractivité, de respect de l’environnement et de bien-être pour son personnel. En contrepartie de la visibilité que lui apporte le label, l’entreprise Vitrine Industrie du Futur s’engage à communiquer sur son projet de transformation, ses difficultés et ses succès, afin d’en faire bénéficier le plus grand nombre. Tous les secteurs sont représentés au sein de la centaine d’entreprises qui ont été labellisées jusqu’à présent. Nous accordons une attention particulière à l’ouverture de l’entreprise sur sa région et à l’utilisation de solutions françaises. Son ambition est de redonner ses lettres de noblesse à l’industrie, après plusieurs décennies de recul de la part de l’industrie dans le PIB français.

Constatez-vous des tendances ou évolutions majeures dans l’industrie depuis la création du label ? 

T. V. : Au fil des dossiers, nous observons une attention croissante à l’humain, l’enjeu principal de l’industrie étant de proposer des emplois attractifs pour permettre sa croissance. Nous observons également une progression très rapide dans l’adoption des nouvelles technologies, comme les exosquelettes qui réduisent la pénibilité des tâches non automatisables ou les logiciels permettant de maximiser la bonne utilisation des machines. Alors que les technologies modernes de production sont parfois décriées au motif qu’elles détruiraient l’emploi, nous observons le phénomène contraire chez les entreprises qui les utilisent. Enfin, l’État et les collectivités ont mis en place de nombreuses initiatives cette dernière décennie pour favoriser le développement des entreprises et leur transition vers l’industrie du futur, et nous en observons les résultats dans nos vitrines qui ont très souvent bénéficié de programmes d’accompagnement ou d’accélération.

La crise du Covid a-t-elle changé ou accéléré certaines choses ? 

T. V. : La crise du Covid a accéléré de nombreuses mutations, d’abord en augmentant les besoins de flexibilité, mais également en accélérant l’adoption des technologies permettant le travail en équipes réparties ou à distance. Elle a également mis en lumière la fragilité d’une économie désindustrialisée, le besoin de disposer de solutions de proximité pour ses équipements et ses consommables, sans parler de la prise de conscience écologique qui génère des opportunités inconnues dans l’histoire de l’industrie.

Comment concilier progrès numérique et enjeux écologiques ?

T. V. : Les deux sont totalement liés. On cite souvent l’empreinte environnementale du digital, qui est réelle et qu’il faut bien entendu maîtriser. Mais l’essentiel réside dans la performance environnementale que permettent les innovations numériques. Les jumeaux numériques, par exemple, nécessitent la mise en place de capteurs et d’outils de calcul supplémentaires. Ces modèles numériques reproduisent un objet ou un processus et, grâce aux données, permettent d’étudier leur comportement dans un système réel. Ils permettent ainsi d’améliorer la consommation énergétique des installations en les pilotant de manière plus précise, et de réduire les rebuts. Finalement, le bilan est très positif. La démarche environnementale de l’entreprise est bien entendu examinée dans le cadre de l’attribution du label, nous n’imaginerions pas valoriser une entreprise qui ne l’intègre pas à son projet de transformation.

Quels sont les grands défis de l’industrie française aujourd’hui ?

T. V. :  Il s’agit en premier lieu d’attirer les talents en faisant découvrir les carrières passionnantes qu’elle peut offrir. Nous avons ensuite, bien entendu, des enjeux de compétitivité qui restent essentiels, et que nous n’atteindrons qu’en déployant rapidement des organisations flexibles et apprenantes et des outils industriels modernes. Les vitrines démontrent chaque jour que l’intelligence managériale et la compétence technique des femmes et des hommes de l’industrie française peuvent largement compenser les écarts salariaux avec l’Asie. Enfin, il y a un réel enjeu de rapidité, pour nous positionner, avec des solutions françaises, dans les nouvelles chaînes de valeur de l’énergie, de la décarbonation, ou de l’électromobilité. La compétition sera rude ces prochaines années compte-tenu des enjeux de transformation qui nous attendent et de la part trop faible de l’industrie dans l’économie française. Mais si nous réussissons à faire aimer l’industrie, et y attirer nos meilleurs talents, alors nos chances restent très bonnes.

Biographie

Ingénieur diplômé de l’Ecole des Ponts Paristech, Thierry Valot a commencé sa carrière dans le groupe automobile PSA (Stellantis), puis dans l’audit chez Mazars, avant de rejoindre le groupe Fives en 1997 en tant que contrôleur financier. Thierry Valot a ensuite dirigé plusieurs filiales des divisions automobile et verre du groupe. Il est responsable, depuis septembre 2019, de la direction Innovation et Digital du groupe. Thierry Valot préside également le comité Vitrines de l’Alliance Industrie du Futur, et pilote le projet Batteries pour Véhicules Electriques de la filière Solutions Industrie du Futur.

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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