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La concentration de l’emploi, talon d’Achille des régions ?

Un Bibendum en train de faire le signe peace au bord d'une route
© Ye Massa

Depuis plusieurs décennies, les territoires ruraux en France ont du mal à résister à l’attraction des métropoles. On dénombre ainsi 36% de tous les emplois et 30% de la population dans seulement 17 zones d’emplois. Au-delà du déséquilibre, cela pousse les régions à se spécialiser, ce qui n'est pas toujours une bonne idée.

Pour se démarquer des métropoles, une spécialisation des territoires ruraux…

Il est difficile d’établir un lien certain entre l’augmentation de l’attractivité des villes et la baisse de celle des territoires ruraux. Mais les analystes du Cepii (Centre d’Études Prospectives et d’Informations Internationales) rappellent que c’est en réaction directe à la concurrence des villes que les régions ont adopté des comportements qui leur portent parfois préjudice.

Ainsi, pour contrer la disparition ou la raréfaction de certains types d’emplois (agriculture, industrie…), les territoires ont choisi de se spécialiser. Cela peut d’abord apparaître comme une bonne idée : organiser une filière locale regroupant divers acteurs permet de répartir les investissements lourds dans le cas d’entreprises industrielles, mais aussi de créer plus d’emplois sur une région donnée et de gagner en compétences et en talents. La faiblesse de cette stratégie ? Toutes les structures sont dépendantes les unes des autres, et si l’une d’entre elles faillit, c’est tout le bassin qui peut en pâtir.

… Qui peut se transformer en faiblesse

Dans une étude récente, le Cepii aborde la question de la concentration de l’emploi et pointe plusieurs secteurs du doigt : la métallurgie, l’industrie automobile ou bien celle du tabac. En mesurant la répartition des emplois, il est possible d’obtenir un coefficient de la concentration dans une zone prédéfinie. En résulte un chiffre compris entre 0 (dans le cas où les emplois seraient répartis équitablement entre une infinité d’entreprises) et 1 (cas ou un seul employeur serait présent sur le marché). La Commission Européenne considère à titre d’exemple qu’un marché est très concentré au-delà de 0,25.

Il ressort de l’étude que les territoires ruraux en France sont particulièrement affectés par cette mécanique de concentration. Le Lot enregistre par exemple un score de 0,61, la Creuse de 0,65. À titre de comparaison, en Île-de-France le coefficient pour la concentration d’emplois industriels n’atteint « que » 0,29. En d’autres termes, les départements ruraux souffrent d’une raréfaction de l’emploi, mais aussi du nombre d’employeurs. Une dynamique aux conséquences parfois catastrophiques, d’un point de vue économique, si une entreprise fortement implantée dans un bassin local est amenée à fermer ou délocaliser.

C’est ce qui s’est passé avec l’usine Bridgestone, située à Béthune. Avec 863 salariés, celle-ci était l’une des actrices majeures de la zone d’emploi. En plus des emplois directs, l’usine crée plusieurs milliers d’emplois indirects chez ses partenaires et sous-traitants. La décision de sa fermeture, annoncée fin 2020, pourrait, de l’aveu même des équipes, « avoir des conséquences sociales » déplorables. La même mécanique avait été constatée lors de la fermeture de l’usine Whirlpool, à Amiens, en 2018. En plus de ses salariés, l’entreprise employait 250 intérimaires et faisait appel à un sous-traitant exclusif, Prima France, qui employait 60 personnes. Au total, le repreneur n’a pu garantir le réemploi que de 186 des 246 employés de Whirlpool, laissant ainsi près de 400 personnes sur la touche.

Des pistes encourageantes

Face à ces constats, les économistes du Cepii élaborent plusieurs pistes, à commencer par la mutualisation des fonds de revitalisation à l’échelle d’une région entière. Ces fonds sont issus d’obligations financières de la part d’entreprises de plus de 1 000 salariés procédant à des licenciements économiques, comme dans le cas de l’usine Bridgestone. Les fonds de revitalisation économique permettent aux collectivités de redynamiser leur attractivité, en encourageant la création d’entreprises, ou soutenant les TPE et PME existantes.

Selon les économistes, cela permettrait d’atteindre une taille critique de financement afin de viser des projets pertinents pour recréer durablement et massivement les emplois perdus précédemment. C’est une piste également abordée dans le rapport Barrot – remis au gouvernement en juin dernier – qui recommande en outre l’augmentation des volumes de ces fonds dans le contexte de la crise actuelle. 

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

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