Le média des entreprises qui construisent la société de demain

ESG : financer la transition ou ne pas financer la pollution, telle est la question

Une ampoule remplie de terre et de végétation
© Singkham via Pexels

On glose beaucoup sur les standards communs de l'ESG. On devrait peut-être réfléchir davantage à leur utilisation, en particulier en matière d'environnement. Veut-on encourager le propre, ou le progressivement plus propre ? Faut-il financer ce qui ne pollue pas, ou ne pas financer ce qui pollue ?

Critères ESG, label ISR, règlement SFDR… La finance verte regorge d’acronymes qui rendent difficiles le suivi des actions menées. Entre greenwashing et vraies mesures, la question à se poser n’est peut-être pas celle de standards communs dans la finance verte, mais de revoir les principe de la discipline.

Une définition trop large de l’ESG ?

Les critères ESG ont été définis dans le but d’intégrer les performances extra-financières aux stratégies d’investissements. On y trouve donc la prise en compte de critères environnementaux (empreinte carbone, consommation énergétique, respect de la biodiversité…), sociaux (formation du personnel, dialogue social, prévention des accidents…) et de gouvernance (parité, lutte contre la corruption, transparence des rémunérations…). En bref, tout ce qui permet d’évaluer l’impact d’une entreprise sur son environnement. Et cela fait beaucoup d’éléments.

Pour certains observateurs, l’éventail de facteurs très large de l’ESG constitue une partie du problème. « Un titre élaboré autour de l’extraction d’or, très polluante*, peut être identifié ESG grâce aux bons résultats obtenus en termes de conditions de travail avantageuses », note par exemple Greenly, dont l’API permet aux FinTech et aux banques de mesurer les émissions carbone de chaque paiement, grâce aux indicateurs de l’Ademe notamment.

En plus d’être intrinsèquement plus subjectif que les critères financiers, l’ESG permet de mettre l’accent sur des pratiques de gouvernance tout en conservant des pratiques à impact négatif pour l’environnement. Lara Cuvellier, chargée de campagne Investissements Soutenables chez l’ONG Reclaim Finance, estime que « pour faire des investissements durables, l’ESG ne suffit pas. »

(Re)Définir la transition

L’Union Européenne, plutôt en avance sur le sujet, développe sa taxonomie verte pour clarifier les règles de la finance durable. Mais là aussi, ça coince. En matière d’investissements verts, plusieurs approches s’opposent. Il y a celles et ceux qui veulent exclure dès maintenant toutes les activités polluantes d’une finance dite « verte ». Et il y a celles et ceux qui préfèrent miser sur la transition et donc laisser de la place à des activités « pas encore propres », ou qui vont permettre de développer des activités durables.

Dans le cas de la taxonomie verte de l’UE, la question du gaz cristallise les débats et crispe les ONG. De son côté, l’industrie gazière se présente comme l’énergie de la transition et clame haut et fort que pour aller vers du 100% renouvelable, il faudra passer par le gaz. Dans l’autre camp, les associations et ONG écologiques dénoncent cette vision de la transition. « Toutes les données scientifiques nous disent qu’il faut arrêter de développer des projets gaziers et commencer à réduire la production », rappelle Lara Cuvellier.

Financer mais aussi dé-financer

Enfin, pour établir des standards pour la finance durable, il faut peut-être inverser la question et se demander plutôt quels sont les projets qu’il faut arrêter de financer. Une approche qui permettrait de formaliser ce qui constitue un investissement « non-durable » pour compléter le spectre de la finance verte. « Arrêter de financer les énergies les plus sales est la mesure qui aurait l’impact le plus rapide sur le climat« , affirme Lara Cuvellier. Reclaim Finance milite donc pour l’adoption d’une taxonomie « brune » des activités les plus polluantes. Une approche qui n’est évidemment pas du goût de tout le monde et qui est parfois pointée du doigt comme risquant de créer « une panique boursière et bancaire. »

Ce sera à la Commission Européenne de trancher.

les exploitations aurifères ont régulièrement recours au cyanure et à la soude caustique, un procédé nocif pour l’environnement. Pour une tonne d’or, on utilise 150 tonnes de cyanure en moyenne. Quant au mercure, il est utilisé pour former un alliage liquide avec les boues qui contiennent de l’or, avant d’être chauffé et de s’évaporer dans la nature pour ne garder que de l’or pur. Ces évaporations de mercure sont toxiques, ndlr.

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

2
3

vous accompagnent chaque semaine sur Intelekto

le média dédié aux entreprises façonnant l’avenir de notre société

Recevez toutes les semaines
notre newsletter gratuite éditorialisée

* champs obligatoire

Rejoignez la discussion !

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

2.jpg
3.jpeg

vous accompagnent chaque semaine sur Intelekto

le média dédié aux entreprises façonnant l’avenir de notre société

Recevez toutes les semaines notre newsletter gratuite éditorialisée

* champs obligatoire

Mélanie Roosen & Géraldine Russell

2.jpg
3.jpeg

vous accompagnent chaque semaine sur Intelekto

le média dédié aux entreprises façonnant l’avenir de notre société

Recevez toutes les semaines notre newsletter gratuite éditorialisée

* champs obligatoire