D’année en année, la pénurie de salariés en cybersécurité s’accroît. Les besoins deviennent de plus en plus importants et la « production » de talents n’augmente pas. Pour sortir de cet engrenage infernal, l’entreprise BonjourCyber, qui accompagne les PME et les ETI, a réfléchi aux personnes à acculturer en priorité. « Qui sensibiliser le plus tôt possible à cet univers numérique pour inverser la tendance ? Les plus jeunes, à partir de 5 ans« , constate Farid Lahlou, co-fondateur et CEO de l’entreprise.
C’est pourquoi l’entreprise a publié un Abécédaire de la cyber, qui décline les grands concepts de la cybersécurité à travers les 26 lettres de l’alphabet. « L’idée est d’apporter à ce jeune public non pas de la formation ou des connaissances mais une certaine sensibilité aux sujets cyber », précise le dirigeant. L’objectif est évidemment de susciter, à terme, des vocations pour enrichir le vivier des talents en cybersécurité ; mais aussi de sécuriser les pratiques des futurs internautes, qui sont confrontés aux écrans de plus en plus tôt.
Parler cyber à des interlocuteurs non cyber
La rédaction de l’ouvrage a présenté un double défi. D’une part expliquer des concepts parfois techniques à des lecteurs non avertis. Et se mettre à la hauteur d’un lecteur de 5 ou 6 ans, avec un vocabulaire adapté. « Le spectre de compréhension des enfants est loin de celui d’un adulte, observe Farid Lahlou. Nous avons donc travaillé avec 3 institutrices. » Premier écueil : éviter de parler de cybersécurité avec un prisme angoissant. « Mieux vaut évoquer des concepts positifs plutôt que ce qui fait peur » pour ne pas rebuter les mini-lecteurs. Exit le hacker menaçant en sweat à capuche, bonjour le geek malin prêt à défendre son ordinateur !
Deuxième challenge : parvenir à créer de bons réflexes dès les premiers pas numériques. « En matière de sécurité, c’est l’observation de comportements répétitifs qui amène les enfants à intégrer certaines pratiques, rappelle le fondateur de BonjourCyber. Par exemple, quand ils voient leurs parents fermer la porte à clé lorsqu’ils sortent de chez eux. Ils apprennent que leur chez-eux est un lieu d’intimité et qu’ils doivent verrouiller la porte pour la protéger parce que la porte constitue une barrière entre celle-ci et le monde extérieur. » Les auteurs ont donc cherché à reproduire cet apprentissage grâce à des explications claires, des exemples concrets et des mises en situation connues des plus jeunes.
Mission réussie, estime Farid Lahlou. Les premiers retours de lecteurs ont indiqué que « les concepts très techniques de la cybersécurité sont devenus ludiques et les enfants se sont appropriés un sujet évoqué par leurs parents ». Les entreprises en verront-elles les effets ? Probablement pas tout de suite. Mais c’est en posant dès maintenant des jalons qu’elles nourriront leur bassin de recrutement de demain. Et que les futurs dirigeants seront mieux éduqués à la cybersécurité.