C’est une étude de référence pour les gestionnaires de risques : l’Amrae a publié la 3e édition de son rapport Lumière sur la cyberassurance (LuCy), à partir des chiffres pour l’année 2022. Avec un constat optimiste : « le marché de l’assurance cyber est revenu en territoire positif. Ce risque, qui semblait inassurable il y a peu, a de nouveau attiré les assureurs en 2022 ». Mais il y a un mais. Et même plusieurs.
Un ratio sinistres/primes qui donne de la marge aux acteurs de l’assurance cyber
Avec 316 millions d’euros de primes collectées pour 71 millions d’euros de primes versées au titre des sinistres, le ratio sinistres/primes s’établir à 22,3%. Un taux historiquement bas qui démontre que le marché de l’assurance cyber peut être rentable pour les acteurs qui s’y risquent. Les grandes entreprises, qui représentent l’essentiel des primes (83%), voient même leur ratio chuter à 16% – soit plus de 10 fois moins qu’il y a 2 ans.
Pourquoi c’est un signe trompeur
Ce ratio reste encore élevé chez les ETI (51%) et surtout les entreprises de taille moyenne (100%) où il a plus que doublé entre 2021 et 2022. Cela ne menace pas l’équilibre global du marché qui repose principalement sur les grands groupes. Pour être solide à long terme, il faudrait que le marché touche bien davantage d’entreprises de taille moyenne. « Si l’on constate une reprise de la croissance du marché de la cyber assurance, celui-ci reste encore insuffisant, commente ainsi Oliver Wild, président de l’Amrae et Directeur des risques et des assurances de Veolia. Le volume des primes encaissées en France, tous assurés confondus, reste faible et correspond à l’équivalent d’un seul sinistre important. »
De plus en plus d’entreprises assurées
Le nombre d’entreprises assurées a grimpé de 25% en seulement 1 an. Les entreprises de taille moyenne ont été les plus nombreuses à s’assurer, avec une hausse de 53%. Les grands groupes ont eux aussi répondu présents, avec 17% d’assurés supplémentaires, tandis que la croissance est plus lente parmi les ETI (+12%).
Pourquoi il ne faut pas se réjouir trop vite
Les grandes entreprises sont aujourd’hui presque toutes couvertes par une assurance cyber (94%). Les ETI commencent elles aussi à prendre le pli (10% de couverture) même s’il leur reste d’énormes progrès à faire. Le nombre d’entreprises de taille moyenne (3,2%) et de petites et micro-entreprises (0,2%) assurées reste, lui, dérisoire. Les plus optimistes y verront des parts de marché à aller chercher ; les plus pessimistes noteront que ce ne sont pas les segments les plus lucratifs qui présentent les plus grandes marges de manœuvre…
De meilleures capacités disponibles
Que les grandes entreprises se réjouissent : avec une augmentation de 13%, la capacité souscrite moyenne s’établit à 35 millions d’euros. Une bonne nouvelle alors que ce montant était en baisse en 2021, malgré une menace toujours très présente.
Pourquoi ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle
D’abord, les capacités disponibles ne s’améliorent que pour les grandes entreprises. Les ETI (-8%) et les entreprises moyennes (-1%) voient les leurs reculer. Ensuite, les tarifs des assurances se sont, eux, envolés… y compris lorsque le périmètre assuré s’est rétréci : +33% pour les grandes entreprises, +54% pour les ETI et +22% pour les entreprises de taille moyenne. « Les conditions de marché demeurent difficiles. Des franchises de plus en plus élevées, des capacités proposées encore réduites, des prix plus stables mais qui restent élevés, des garanties toujours plus limitées et, enfin, une offre d’assurance qui n’est pas ouverte à tous », résume Olivier Wild.